Cinema
“Cutterhead” : un huis clos catastrophe, social et anxiogène [Critique]

“Cutterhead” : un huis clos catastrophe, social et anxiogène [Critique]

20 September 2018 | PAR Simon Théodore

Engagé dans la compétition fantastique de la 11ème édition du Festival Européen du Film Fantastique du Strasbourg, le réalisateur danois Rasmus Kloster Bro présentait sa dernière réalisation Cutterhead. Entre le documentaire et le film catastrophe, cette réalisation embarque le spectateur dans un huis clos sous terrain, presque anxiogène.

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Rie, une jeune mère, décide de réaliser des portraits d’ouvriers participant à des travaux de forages. Pour cela, équipée de son appareil photo et d’un calepin, elle descend dans les profondeurs de la terre pour récolter des photos et des témoignages. Elle découvre un monde sombre, masculin, et dans lequel les conditions de travail sont extrêmement rudes. À la suite d’un incendie, elle se retrouve coincée avec deux foreurs.

Avec ce film, Rasmus Kloster Bro respecte certains codes du genre catastrophe se déroulant en huis clos. Après s’être familiarisé avec cet univers sombre et rythmé par le bruit des machines, le spectateur suit l’évolution psychologique des personnages à partir du point de rupture. De l’espoir de s’en sortir à la paranoïa, le trio tente de survivre et imagine des plans pour s’extraire de cet endroit confiné. Bien que les frictions entre les individus auraient pu atteindre un degré de violence supplémentaire, le réalisateur a choisi de mettre en scène ces tensions en plongeant les personnages dans le noir quasi-total. Notre imagination est alors mise à contribution pour se représenter les moments de détresse et de doute.

Cutterhead apparaît donc comme un film minimaliste, presque documentaire. Les protagonistes sont souvent filmés de près, rendant ainsi l’immersion plus efficace. Dans ces endroits confinés où l’oxygène se fait rare, le spectateur participe à cette aventure et observe les écarts qu’il peut exister entre deux mondes sociaux. Il y découvre une facette moins attrayante des sociétés scandinaves, souvent idéalisées pour leur système égalitaire. L’artiste, désireuse de faire un portrait des travailleurs de l’ombre, semble visiblement mal préparée à son expédition et ne se doute pas des conditions de vie de ses compagnons d’infortune. Pour la plupart immigrés, leur motivation se résume à gagner de l’argent pour subvenir aux besoins de leurs familles… Avec ce long métrage, Rasmus Kloster Bro propose donc aussi un film aussi anxiogène que social.

Cette réalisation danoise est donc intéressante. Loin d’être léger, le projet se veut intense et les plus claustrophobes le trouveront angoisssant. Avec Cutterhead, le Danois signe un film original et propose une autre version, peut-être plus épurée, du film catastrophe.

Cutterhead de Rasmus Kloster Bro. Avec Christine Sonderris, Kresimir Mikic, Samson Semere. Durée : 1h24.

Visuel : (c) Affiche du film.

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Simon Théodore

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