Cinema
[Critique] « Les Trois Soeurs du Yunnan », documentaire qui manque d’enjeu dramatique

[Critique] « Les Trois Soeurs du Yunnan », documentaire qui manque d’enjeu dramatique

31 March 2014 | PAR Geoffrey Nabavian

En Chine, à 3200 mètres d’altitude -mais les paysages ne sont pas la priorité- vivent trois petites filles, dans un village de quatre-vingts familles. Trois gamines confrontées à une vie aride, et à une nature qui l’est tout autant. Wang Bing les filme en n’intervenant pas dans leur histoire ou dans leur espace. Et dans cet univers dur, le spectateur ne sait pas trop où s’accrocher.

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Les Trois Soeurs du YunnanDans Les Trois Soeurs du Yunnan, c’est la forme employée par Wang Bing qui pose problème. Le cinéaste -très remarqué, en 2004, avec A l’ouest des rails, et bientôt célébré au Centre Pompidou– filme le vivant. Sans commentaire, et, sur le plan cinématographique, sans dramatisation. En prenant son temps. Parfois, de jolis moments jaillissent, particulièrement lorsqu’il s’attache à Ying Ying, dix ans, véritable femme dans un corps d’enfant. Ils sont hélas trop rares.

Au fil des saisons, la réalité change bien peu au Yunnan, en altitude. L’élevage de bêtes, l’école primaire en contrebas, les pommes de terre pour se nourrir… L’effort permanent… Et la concurrence, mentionnée à la fin par le chef du village, des villages nouveaux, créés pour que les habitants de ces régions s’adaptent. Et la ville lointaine, véritable ventre qui avale les jeunes de ces campagnes, et les recrache, sans beaucoup d’argent. Tableau d’une vie dure, en prise avec la réalité économique de la Chine.

Mais tableau qui ne touche guère. Au début, on croit tenir un objet qui sera un hymne, discret, à la vie, à la résistance au rien, au néant, qui écrase, par l’intermédiaire de la nature. Mais Wang Bing ne peut se permettre des pics élégiaques. Un ou deux n’auraient pas été de refus, d’autant que le film est très long. Au lieu de ça, il nous perd dans les sommets, et l’on ne sait plus après quels moutons on doit courir…

Les Trois Soeurs du Yunnan, un film de Wang Bing. Documentaire chinois, 2h30.

Visuel: © affiche du film Les Trois Soeurs du Yunnan

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Geoffrey Nabavian
Parallèlement à ses études littéraires : prépa Lettres (hypokhâgne et khâgne) / Master 2 de Littératures françaises à Paris IV-Sorbonne, avec Mention Bien, Geoffrey Nabavian a suivi des formations dans la culture et l’art. Quatre ans de formation de comédien (Conservatoires, Cours Florent, stages avec Célie Pauthe, François Verret, Stanislas Nordey, Sandrine Lanno) ; stage avec Geneviève Dichamp et le Théâtre A. Dumas de Saint-Germain (rédacteur, aide programmation et relations extérieures) ; stage avec la compagnie théâtrale Ultima Chamada (Paris) : assistant mise en scène (Pour un oui ou pour un non, création 2013), chargé de communication et de production internationale. Il a rédigé deux mémoires, l'un sur la violence des spectacles à succès lors des Festivals d'Avignon 2010 à 2012, l'autre sur les adaptations anti-cinématographiques de textes littéraires français tournées par Danièle Huillet et Jean-Marie Straub. Il écrit désormais comme journaliste sur le théâtre contemporain et le cinéma, avec un goût pour faire découvrir des artistes moins connus du grand public. A ce titre, il couvre les festivals de Cannes, d'Avignon, et aussi l'Etrange Festival, les Francophonies en Limousin, l'Arras Film Festival. CONTACT : [email protected] / https://twitter.com/geoffreynabavia

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