Cinema
Cirkus Columbia de Danis Tanovic, un lumineux retour au pays

Cirkus Columbia de Danis Tanovic, un lumineux retour au pays

21 February 2011 | PAR Yaël Hirsch

Le réalisateur de “No Man’s land” (2011, Oscar et Golden Globe du meilleur film étranger), Danis Tanovic est de retour dans sa langue maternelle sur nos grands écrans le 23 mars 2011. Cirkus Columbia raconte le retour pittoresque en Bosnie-Herzégovine d’un homme qui s’est enrichi en Allemagne. En 20 ans certaines choses ont tout de même changé…

En 1991, lorsque Divko (Miki Manoljlovic) revient dans son village natal, il pense tout pouvoir acheter avec ses Deutschmarks. Au volant d’une superbe voiture et aux côtés d’une bombe rousse qui pourrait être sa fille (sublime Jelena Stupljanin), il commence par faire expulser sa femme (fantastique Mira Furlan, que l’on avait découverte dans la série Lost) et son fils Martin (Boris Ler) de leur maison. Puisque le sang ne ment pas, (“C’est pas du vin”) Divko veut bien que Martin continue à vivre chez lui mais voue une haine féroce à son ex-femme. Tiraillé entre son père et sa mère, et attiré par sa nouvelle belle-mère, ce jeune-homme de vingt ans a du mal à choisir. Il continue à vivre comme avant, de plongeon dans la rivière en petit job, fasciné par la radio et la possibilité de capter les ondes américaines. Alors  qu’il  a eu une enfance étrange entre deux ersatz de père : un officier de l’armée et le chef du parti communiste local qui est désormais boudé par tous, Martin est très naïf et complétement perdu après la chute du mur.

Denis Tanovic signe un clochermerle irrésistible où les paysages à couper le souffle semblent tous ombragés par la guerre qui vient comme l’orage. Bien sûr le temps qui passe et la paternité sont au cœur du film. Mais, porté par une truculence balkanique douce, “Cirkus Columbia” pose avant tout la question grave de l’origine et de la patrie quand l’une et l’autre sont impossibles. Avec beaucoup d’humour, et à travers une galerie de personnages perdus mais pas foncièrement mauvais, le réalisateur parodie les différents régimes qui se sont succédés en Bosnie-Herzégovine, sans jamais tomber dans la farce: le personnage incarné par Mira Furlan incarne à elle seule toutes les blessures du rideau de fer et de la guerre qui vient, avec une fierté remarquable. Un grand film.

Cirkus Columbia de Danis Tanovic, avec Mira Furlan, Boris Ler, Miki Manoljlovic, Jelena Stupljanin et Svetislav Goncic, Bosnie-Herzégovine, 2010, 1h53, sortie le 23 mars 2011.

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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