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[Cinemed, jour 2] Isabelle Adjani signe son grand retour au Corum

[Cinemed, jour 2] Isabelle Adjani signe son grand retour au Corum

23 October 2016 | PAR Yaël Hirsch

Premier jour de compétition, ce samedi, à Montpellier après une chaleureuse ouverture de la 38e édition du Festival  Cinemed la veille. La journée a été marquée par la projection de Carole Matthieu, de Louis-Julien Petit, en présence de son actrice principale, Isabelle Adjani… La Corum était donc en fête…

La journée a commencé par un petit air nostalgique d’Italie, avec un film signé Mauro Bolognini. Mettant en scène les amours de jeunes gens modestes dans le Rome de la fin des années 1950, Les amoureux (1955) célèbre la jeunesse, la vespa et les bals populaires d’une époque éprise à la fois de tradition et de liberté. Une bouffée d’air et de beauté qui n’a pas pris une ride.

Film de la compétition sulfureux et attendu, Suntan d’Argiris Papadimitropoulos fait le portrait léché d’un médecin qui s’installe à l’année dans l’île d’Antiparos. Après un hiver morne et sobre, l’été est l’occasion de toutes les tentations pour ce quadragénaire pataud et solitaire, qui rencontre une bande de jeunes sur la plage du camping nudiste. Parmi ces gens libres, minces, omnisexuels et venus s’oublier un mois entre mer, boites et partouzes, le médecins reprend vie avant de tomber éperdument amoureux de LA femme fatale, Anna, qui a la moitié de son âge et les plus beaux petits seins du monde. Joliment filmé, sur un mode chute des dieux, porté par un acteur principal bluffant (Makis Papadimitriou), cette version grecque et post “More” de l’Ange bleu décoiffe, rend un peu nauséeux et séduit.

Alors que nous avons manqué le Carlos Saura annuel, Beyond Flamenco, qui poursuit la Rota à travers toute l’Espagne, c’est à 19h que nous avons vu notre dernier film en amphithéâtre Berlioz. Lunettes noires, chapeau noir et talons, Isabelle Adjani était bien là, en chair et en os, pour présenter son nouveau film. Dans Carole Matthieu, elle retrouve – cachée sous un manteau de drap bordeaux- un grand rôle : celui d’une médecin du travail entrée dans une entreprise aux méthodes de pression psychologiques sur les employés absolument délétères. Et son personnage est prêt à tout pour que la parole des opprimés se libère. Face à une Corinne Masiero parfaite en abominable responsable des ressources humaines, Adjani parle peu mais incarne bien son personnage au bord du gouffre, dans une atmosphère oppressante et arty très inspirée au réalisateur engagé Louis-Julien Petit par Haneke. Agréablement mise en valeur dans un film social mais qui parle aussi en sous-texte de la situation des actrices dans le milieu violent du cinéma, Adjani se renouvelle vraiment et si elle assume de défendre ses films comme elle l’a fait ce soir au Cinemed et auparavant à Angoulême, il se peut bien que Carole Matthieu soit le début d’une nouvelle dimension de la carrière de l’actrice.

L’after de la soirée se passait dans le joli petit cocon de la cafétéria de la Panacée et c’est sous une pluie battante mais auprès d’une population jeune, de sortie et souriante que nous avons dit au-revoir à Cinemed et à Montepellier. Regrettant de manquer les tenues de Laetitia Casta, la performance de Sergi Lopez et les films des frères Larrieu.

visuels : YH et affiche de Carole Matthieu

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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