Cinema

Ciné : Le Code a changé de Danièle Thompson

18 February 2009 | PAR Annabel

Le nouveau film choral de Danièle Thompson mélange onze acteurs généreux, chaleureux et tendres, qui n’hésitent pas à jouer de mesquineries, pinailleries et petitesses pour notre bonheur.

 

le-code a changé ML (Karin Viard) organise un dîner chez elle et tente de réunir ses amis les plus proches ainsi que son futur patron. Aidée d’un mari dépressif, Piotr (Dany Boon, très bon dans ce rôle et dont les petits regards en coin sont délicieux), et de convives qui passent leur temps à décommander, à s’incruster, à se réinviter, puis une fois sur place, à tenter d’exister, ML s’en sort à merveille dans le jeu des apparences. Ce dîner est le déclic vers une nouvelle vie pour chacun des personnages. On les retrouve un an après, à l’occasion d’un autre dîner organisé par ML qui ne ressemblera pas au précédent.
Le rire est invité dans ce film au même titre que la tristesse ou l’aigreur. On rit en effet beaucoup et on sourit tout autant. Danièle Thompson s’était déjà illustrée dans ce registre, après La Bûche et Fauteuils d’Orchestre. Elle signe avec Le Code a changé un cocktail de finesse, de douleurs et d’humour savamment dosé. Le passage où Pierre Arditi, père délaissé, rencontre l’amant de sa fille du même âge que lui (Patrick Chesnais), est un régal. On frissonne en même temps qu’on se gondole.
Laurent Stocker est simplement parfait dans le rôle de l’amoureux compulsif éperdu. Ses mimiques nerveuses, ses regards trop insistants, ses phrases cinglantes, qui font hurler de rire, tout montre qu’il est investi par ce personnage à moitié fou, à tel point qu’on a la sensation qu’il est réellement atteint ! Le personnage de Laurent Stocker symbolise à lui seul le parcours chaotique des onze héros. Délaissé, malheureux en amour comme en amitié, il s’invite au dîner en espérant reconquérir celle qui ne l’a jamais aimé. Comme tout le monde autour de la table, il est aussi invité à « faire semblant d’aller bien », mais il a le privilège de dire son malheur à voix haute, ou du moins de le faire comprendre à l’intéressée. Tandis que les autres, moins fous ou peut-être plus timorés, se contentent d’échanger des regards interrogatifs ou accusateurs (Emmanuelle Seigner est excellente à ce jeu). Laurent Stocker incarne celui qui parle. Il est le bouffon qui concentre les angoisses des autres pour les restituer de manière plus douce et plus drôle. Il n’a pas de nombreuses scènes dans le film mais elles suffisent à rendre le silence des autres appréciable. La parole est libératrice mais les silences sont parfois salvateurs. Ainsi, le couple que forme ML et Piotr est nourri de ces silences. Le mutisme de ces deux protagonistes offre à chacun d’eux l’espace nécessaire pour reconstruire leur aire de jeux détruite par des années de dépression et des envies de grandeur.
Le personnage de Laurent Stocker semble s’être reconstruit à la fin du film mais on continue à le percevoir comme légèrement déséquilibré, à l’instar des dix autres qui, malgré l’année écoulée entre les deux dîners, n’ont pas forcément réussi à trouver la sérénité tant recherchée au début du film. Le montage est également très bien articulé. Le rythme et la cohérence du récit sont conservés grâce à un jonglage de flashs-backs bien sentis. La bande originale est également délicieuse, Nicola Piovani en est l’auteur. Un film à ne pas manquer.

 

Annabel Benhaiem

 

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Annabel

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