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Cannes : Robin Campillo fait monter le pouls de la compétition officielle avec 120 battements par minute, un portrait de Act Up

Cannes : Robin Campillo fait monter le pouls de la compétition officielle avec 120 battements par minute, un portrait de Act Up

20 May 2017 | PAR Yaël Hirsch

Robert Campillo, le réalisateur de Eastern Boys (2014) a encore peaufiné son esthétique pleine et déliée pour dresser le portrait des premiers militants de Act Up Paris, mobilisés de manière musclée pour mobiliser sur la maladie (prévention, accès à des traitements) et faire valoir les droits LGTB. Un film fort et urgent, en compétition officielle. 

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Début des années 1990, chez Act Up, les réunions ont lieu tous les mardis soirs. La prise de parole est codifiée par mesure d’efficacité, on ne fume pas dans la salle pour ne pas incommoder les malades et le fonctionnement est à la fois musclé vers l’extérieur, démocratique avec des ambivalences à l’égard du chef à l’intérieur et bien au fait des tendances de communication à utiliser (fax…). À l’orée de la trithérapie, des virées sauvages sont organisées pour informer les lycéens sur la prévention du Sida, pousser les labos à bêta-tester les nouvelles molécules sur les malades qui ne répondent plus à l’AZT et on s’y lie d’amitié et d’amour…

Après une première partie du film focalisée sur l’action politique, Campillo nous mène vers la rencontre amoureuse – forcément tragique – entre un jeune homme séronégatif récemment arrivé du Sud, Nathan (Arnaud Valois), et le jeune homme malade le plus à vif, vivant, excentrique du groupe : Sean (Nahuel Perez Biscarayat). Sur une musique de Rebotini, le corps vit, exulte, souffre, manifeste et s’émacie pour s’arrêter de battre la mesure. L’urgence est là, entre documentaire et fiction, dans la chaleur bleu nuit d’une génération qui n’a pas voulu se laisser sacrifier malgré tout et, qui en a profité pour entièrement rénover l’action collective. Une jolie leçon de cinéma et de politique, qui a des échos actuels immédiats, doublé d’un film coup de poing de 2h20, qui a laissé la croisette le cœur battant et le souffle coupé.

120 bpm (battements par minute) de Robert Campillo, avec Nahuel Perez Biscarayat, Arnaud Valois, Adèle Haenel, France, 2h20. En compétition officielle.

Visuel : photo officielle

 

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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