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Cannes, jour 6 : Moodoïd, Stéphane Brizé fort sur “La loi du marché”, les aventures de “Vice-Versa” et des “Cowboys” pas percutants

Cannes, jour 6 : Moodoïd, Stéphane Brizé fort sur “La loi du marché”, les aventures de “Vice-Versa” et des “Cowboys” pas percutants

19 May 2015 | PAR La Rédaction

En ce sixième jour de compétition, nous avons pu voir la Croisette se vider de ses spectateurs du week-end. Pour ceux qui restaient, la fatigue commençait à se voir et les dialogues entre les séances à ralentir leur cadence… Cherchant nos mots, nous avons aussi trouvé le chemin de bien belles projections et rencontré également le chanteur de Moodoïd qui donnait ce 18 mai un concert à la Villa Schweppes.

La matinée a commencé avec un film intense : La Loi du marché  de Stéphane Brizé. Le réalisateur de Quelques heures de printemps et son complice Vincent Lindon ont su pratiquer leur art précis du portrait pour donner tendresse, force et intimité à un sujet très politique : la recherche d’emploi d’un ouvrier d’une cinquantaine d’années mis au chômage. Une Palme aurait été très possible, mais malheureusement la fin est trop hâtée… Pour lire notre critique de La Loi du marché, avant d’aller le voir en salles dès le 19 mai, cliquez.

Puis, histoire de davantage rigoler, on est allés faire un tour du côté de l’animation, avec Vice-versa, le nouveau Pixar, projeté hors compétition. Il nous a fait encore cogiter, car il met en scène les émotions d’une gamine malheureuse, incarnées par de petits personnages qui travaillent comme dans un bureau : Joie, Tristesse, Dégoût, Colère et Peur… Une thématique sérieuse, un univers très fort, un message pour tous les âges : une réussite. Pour lire notre critique de Vice-Versa, cliquez.

Le matin la Quinzaine a accueilli Francois Damiens, John C. Reilly et Thomas Bidegain entre autres, pour nous faire découvrir le film Les Cowboys. Cette somme un peu bancale de la montée du terrorisme depuis les années 1990 se perd dans sa structure malgré une recherche d’originalité bien visible. Pour lire notre critique des Cowboys, cliquez.

L’après-midi, l’épisode deux des Mille et une Nuits de Miguel Gomes était présenté. Dans la lignée du premier opus, le film ne convainc pas et se perd dans des allégories trop alambiquées pour captiver notre attention et l’y faire rentrer de plein pied. Les acteurs, venus en masse sur la scène de la Quinzaine, sauvent malgré tout le film de l’ennui complet. Pour lire l’avis des membres de la rédaction qui ont aimé Les Mille et Une Nuits, cliquez ici et ici.

Même manque de stimuli du côté de la compétition, où on a découvert un autre film en lice pour la Palme d’or : Louder than bombs. Ce n’est pas l’oeuvre sur laquelle on pariera pour la récompense, tant Joachim Trier, son auteur (et celui d’Oslo, 31 août), semble avoir perdu ici son originalité. Ce récit d’un deuil au long cours, par un père (Gabriel Byrne) et ses deux fils, l’un parfait, l’autre asocial, n’étonne pas du tout. On connaît déjà par cœur ses personnages, ses ressorts scénaristiques… Défaut de forme ? quelque peu. De fond ? il aurait pu être davantage fouillé… On laisse tomber… Pour lire notre critique de Louder than bombs, cliquez.

En l’absence de surprise et de risque, rien de tel qu’un film d’Apichatpong Weerasethakul. On a découvert sa dernière oeuvre, Cemetery of splendour, dans la section Un certain regard. Chance : il n’a pas renoncé (le fera-t-il jamais ?) à son rythme lent, à ses plans fixes, et à son recours aux esprits invisibles. Qui pourraient renvoyer les Naomi Kawase (lire notre critique de An) et autres Kiyoshi Kurosawa (notre critique de Vers l’autre rive ici) faire leurs classes… L’histoire de Jen, une femme mûre qui veille Itt, militaire dans le coma, transporte ailleurs. Le cadre choisi – un hôpital improvisé, construit sur un cimetière où gravitent encore, peut-être, des fantômes de rois – installe, avec rien, un trouble salutaire. Malgré un scénario moins abouti que dans Oncle Boonmee, celui qui se souvient de ses vies antérieures, on a marché, on a tenu. Pour lire notre critique de Cemetery of splendour, cliquez.

Pendant ce temps, une partie de l’équipe est allée à la rencontre de Pablo Padovani, chanteur du groupe Moodoïd, de passage à Cannes pour un concert à la Villa Schweppes . Cliquez pour découvrir ces images, comprenant notamment des extraits de la prestation scénique du groupe !

Après la méditation, l’emportement. Avec la découverte d’un troisième film concourant pour la Palme d’or : Marguerite et Julien de Valérie Donzelli. Ou l’histoire d’un amour entre frère et sœur, inspiré d’un fait divers du XVIIe siècle. Un mélange des époques réussi, un rythme efficace, des ruptures de ton bienvenues, une Anaïs Demoustier excellente… Mais aussi des défauts, qui font qu’on n’a pas été bouleversés… Pour lire notre critique de Marguerite et Julien, cliquez.

A regarder aussi, notre interview de Raoul Fernandez, acteur dans Marguerite et Julien, où il excelle, et aussi dans La Tête haute (dont la critique est à lire) :

On a pris le parti, enfin, de terminer cette journée comme on l’avait commencée : en nous questionnant sur le travail. Mais à la sud-coréenne. Et de minuit trente à 2h30 du matin. Avec la projection, dans la catégorie Séances de minuit, d’Office. Un film d’horreur de Hong Won-chan, se passant uniquement dans un immeuble de bureaux. Prometteur, donc… mais décevant. Des partis-pris discutables et un manque d’originalité nous ont gâché le plaisir, et… un peu endormis. Car ce n’est pas tout de voir des films, Cannes, c’est un rythme à tenir… Pour lire notre critique, pas très positive, d’Office, dont on ne sait pas s’il sortira en France, cliquez.

Rassurez-vous, on a prévu de rester actifs. Cannes, c’est aussi l’épuisement, et l’intensité qui fait du bien.

Retrouvez tous nos articles sur le 68e festival de Cannes dans notre dossier Cannes 2015

Yaël Hirsch, Geoffrey Nabavian, Hugo Saadi et Amélie Elouet

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La Rédaction

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