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Cannes, jour 2 : « Mr Turner » par Mike Leigh et le girlpower douteux de « Partygirl », « Loin de son Père » et « Bande de Filles »

Cannes, jour 2 : « Mr Turner » par Mike Leigh et le girlpower douteux de « Partygirl », « Loin de son Père » et « Bande de Filles »

16 May 2014 | PAR Yaël Hirsch

Deuxième jour de plein soleil sur la Croisette qui s’est soudainement gonflée des derniers arrivants.

La projection de 8h30 était exigeante avec 2h30 de film en costume presque sans dialogues sur le peintre anglais Joseph Turner. Mais l’effort méritait d’être fait et en entrant dans l’univers très british de Mike Leigh, c’est tout un pan de la société anglaise d’hier et aujourd’hui que nous avons pu percevoir, le tout dans l’humour et la justesse des costumes. En revanche, nous n’avons pas pu voir la montée des marches, mais elle devait quand même être moins glamour qu’hier soir.

Pour lire notre critique de Mr Turner, cliquez.

Ce jeudi 15 mars a été marqué par le début des projections d’un certain regard, dont nous avons pu voir les deux premiers opus, qui portaient tous deux la promesses de portraits de femmes sortant des sentiers battus. Partygirl de Marie Amachoukeli, Claire Burger et Samuel Theis nous a permis de reconstituer le parcours hors du commun d’une strip-teaseuse de 60 ans trouvant l’amour. Le public a très bien accueilli ce film d’ouverture généreux, même si la presse a, à temps, pu se montrer plus critique.

Pour lire notre critique de Partygirl, cliquez

Unanimement salué comme un chef-d’œuvre esthétique, Loin de son père de Keren Yedaya a fait fuir plus d’un spectateur, de par la dureté de son thème : le couple formé par un père incestueux et sa fille, dépendante de lui. Éprouvant, le film pose beaucoup de questions sans proposer de réponses et révèle la formidable Mayaan Turgeman, terriblement juste dans son rôle de victime qui passe du consentement et l’autodestruction à la survie.

Pour lire notre critique de Loin de son père, cliquez.

Devant le choix cornélien d’assister à l’ouverture de la Quinzaine des réalisateurs ou celle de la Semaine de la critique, nous avons choisi la Quinzaine. Les réalisateurs remettaient le fameux carrosse d’or aux proches d’Alain Resnais pour honorer le réalisateur récemment disparu. Après que Katell Quilleveré a fait, quasiment en tremblant, un discours ému, Sabine Azéma, André Dussolier et le producteur Jean-Louis Livi sont montés sur scène. Ce dernier, producteur de toujours de Resnais a fait un magnifique discours, qu’a suivi une sobre projection de montages des films de Resnais.

C’est sur une note de sobriété et d’élégance similaire que Céline Sciamma et ses comédiennes sont montées sur scène sur le mot d’ordre de la talentueuse réalisatrice de la Naissance des pieuvres et de Tomboy : « Nous sommes fières d’être une bande de filles ». Si visuellement le film est magnifique avec ces quatre belles nanas fuyant dans une intimité de copines un quotidien aux horizons barrés, ses saturations de couleurs magnifiques et son budget qui lui permet de faire chanter le « Diamonds in the sky » de Rihanna aux quatre jeunes femmes, le rythme est lancinant (notamment plombé par les noirs outrés de séparations de parties) et le film a un côté Bling-ring pour pauvres qui n’osent pas rêver à plus que voler une robe H&M (on oublie le cambriolage de la villa de Paris Hilton). Sculpturales, les « filles » de la bande paraissent sans rêves, sans motivation et sans réelle sensualité. Probablement bien vu sociologiquement, le film nous présente quand même trois coquilles vides et une quatrième un peu moins creuse comme révolte féminine. Mais question « girlpower » on fait mieux que la proposition de mariage mollassonne rédemptrice à bon compte… Un beau film, donc, au propos pas tout à fait clair et en tout cas discutable.

Pour lire notre article sur cette ouverture de la quinzaine, cliquez.

Pendant que nous finissions l’ouverture de la quinzaine, le public chic de la Croisette voyait enfin le très beau Tombuktu de Sissako. Nous avons pu les rejoindre à la très élégante soirée donnée par Le Pacte au Radisson Blu, avec une musique très chill, du champagne à flots et une vue sur tout Cannes à se damner.

La suite des aventures cannoises ce mercredi avec Atom Egoyan, Ronit Elkabetz, Mathieu Amalric, Nuri Bilge Celan et probablement un petit tour des boîtes cannoises.

Visuels : (c) couverture : Sabine Azéma et André Dussolier se donnant la main à l’hommage Resnais de la Quinzaine. Toutes photos (c) Yaël HIrsch.

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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