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Cannes, jour 2 : « Mad Max » au lever, ouverture de la Quinzaine au coucher

Cannes, jour 2 : « Mad Max » au lever, ouverture de la Quinzaine au coucher

15 May 2015 | PAR La Rédaction

Les projections étaient riches, ce jeudi 14 mai à Cannes, allant de l’action, avec Mad Max, à l’adultère à la française, selon Philippe Garrel en ouverture de la Quinzaine des réalisateurs, en passant par une pause culinaire façon Naomi Kawase pour l’ouverture du Certain regard.

La journée a commencé avec une dose d’originalité : l’avant-première très matinale et hors compétition du très attendu Max Max : Fury Road, trente ans après le premier du nom. Tom Hardy remplace Sotto Voce Mel Gibson dans la peau d’un donneur de sang sans grande personnalité. Néanmoins convaincu d’aider les anciennes épouses du tyran local, Immortan Joe, à sortir d’une citadelle totalitaire via une « Fury Road » dans le désert. En chef mécanicien, on adore Charlize Theron et on applaudit de concert avec la salle les folles courses-poursuites et les combats vraiment « Mad ». Toute La Culture a livré ses impressions à chaud dans une vidéo filmée à la sortie de la projection par l’EICAR. Et pour lire notre critique à tête reposée de Mad Max : Fury Road, cliquez. 

Et pour nous voir, c’est là :

En fin de matinée, une partie de l’équipe est allée à l’ouverture de la section Un certain regard pour le film de Naomi Kawase. An, fable riche en cerisiers en fleurs, en piano et en personnages déjà-vus, a complètement laissé de marbre certains d’entre nous. Pour lire notre critique de An, cliquez.

L’autre partie de l’équipe a grimpé jusqu’au toit du Palais pour interviewer le Directeur Général de Baron Rothschild France, Géraud de la Noue, afin de parler des activités de la paradisiaque Terrasse Mouton Cadet. C’est le matin même du Gala de charité donné par Eva Longoria que nous avons pu obtenir cet entretien filmé par les étudiants de l’EICAR, où nous avons aussi appris en off que notre génération avait déstructuré les repas et donc la manière de boire du vin, plutôt en apéritif avec des Tapas qu’en repas de trois plats assis…

A 13h avait lieu la projection unique et hors compétition du film israélien de Elad Keidan, L’Esprit d’escalier, qui met en scène deux personnages déambulant dans des villes. Architectural et sonore, le filme pointe vers le Bauhaus et le collage de son pour une immersion géométrique dans l’Israël d’aujourd’hui. L’Esprit d’escalier, une œuvre très originale et très esthétisante.

En début d’après-midi, Un certain regard a continué avec la projection du film L’Etage du dessous de Radu Muntean, qui met en scène un rapport de voisinage post-communiste, sur le mode réaliste attendu du film roumain contemporain… Un peu trop attendu, cet Etage du dessous

A 16h, on a enfin pu découvrir Notre petite soeur, nouvelle réalisation d’Hirokazu Kore-eda, présentée en Compétition. Trop légère pour une Palme, à vue de nez, car trop monotone : le talent des interprètes et le ton joyeux avaient beau faire, la patience se fatiguait face à cette chronique de la vie de quatre sœurs, quasiment sans rebondissements. Pour lire notre critique de Notre petite soeur, cliquez.

A 16h45, la projection du premier long-métrage de Laszlo Nemes, Le fils de Saul, a été le grand bouleversement de la journée : le réalisateur hongrois suit en plans très serrés un membre d’un Sonderkommando, ces groupes de juifs chargés de nettoyer les crématoires et d’y accompagner les condamnés. Face à un enfant respirant encore après la chambre à gaz, cet homme se met en tête qu’il est son fils et qu’il faut trouver un rabbin pour l’enterrer dans les règles, dans un univers où la crémation est le destin de tous. Précis, puissant et diablement insoutenable, le film est un chef-d’œuvre qui laisse ses marques et brigue la Palme d’or. Pour lire notre critique du Fils de Saul, cliquez.

La soirée s’est terminée chaleureusement à la Quinzaine des réalisateurs, qui s’est ouverte sur un speech d’écolier de Céline Sciamma et Pierre Salvadori, avant un hommage vibrant au réalisateur lauréat du Carrosse d’or : le chinois Jia Zhang-ke qui trouvait que le prix tombait bien à ses 45 ans et encourageait à continuer à vouloir changer le monde avec des caméras. L’équipe du film d’ouverture est ensuite entrée en piste, avec une Clotilde Coureau ravie d’être là, un Stanislas Merhar placide, et une révélation très élégante, l’actrice Lena Paugam. C’est alors que Philippe Garrel a déclaré la « Quinzaine des râleurs ouverte » avant que l’on puisse voir la version restaurée de Actua 1, dans l’esprit de 1968, suivi du petit dernier L’Ombre des femmes, qui met en scène – en noir et blanc toujours – les états d’âme d’un couple adultère et parisien. Un film délicieux qui finit dans une église et que le public de la Quinzaine a longtemps ovationné debout. Pour lire notre critique de L’Ombre des femmes, cliquez.

Au même moment, la projection des Anarchistes de Elie Wajman (dont nous avions aimé Alyah) faisait salle comble à la Semaine de la Critique, qui ouvrait aussi ce jeudi 14 mai. Très critiqué par la presse, ce film historique sur de très jeunes gens engagés dans l’anarchie au tout début du XXème siècle est plutôt bien joué (magnifique Tahar Rahim, et belle Adèle Exarchopoulos, crédible comme toujours) mais souffre d’un éclairage trop sombre et de dialogues (ou monologues ?) trop écrits. Pour lire notre critique des Anarchistes, cliquez. A la Semaine, on a pu aussi voir un autre film : pour lire notre critique de Sleeping Giant, de Andrew Cividino, cliquez.

Il nous a suffi de traverser la rue pour aller à la soirée d’ouverture de la Quizaine sur une plage largement achalandée en champagne et en musique dansante, où tout le monde se pressait avec animation. A minuit et demie, après une longue conversation pieds nus dans le sable, il était temps de rentrer pour écrire et vous préparer un vendredi 15 mai plein de beaux films, dont le très attendu The lobster de Yorgos Lanthimos, et une interview de Jacques Attali le jour de son grand dîner pour PlaNet Finance. A demain !

Retrouvez tous nos articles sur le 68e Festival de Cannes dans notre dossier Cannes 2015

Yaël Hirsch, Geoffrey Nabavian, Hugo Saadi et Eponine Pastel

Visuels : (c) DR

[Compétition] « Le fils de Saul » : huis clos intolérable et magnifique au crematorium d’Auschwitz, par Lazlo Nemes
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La Rédaction

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