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[Cannes, Compétition] “Moi, Daniel Blake” : un film social frais, dans la tradition loachienne

[Cannes, Compétition] “Moi, Daniel Blake” : un film social frais, dans la tradition loachienne

13 May 2016 | PAR Geoffrey Nabavian

Ma dernière réalisation », a annoncé Ken Loach. A Cannes, Moi, Daniel Blake a su nous toucher par son mélange de fraîcheur et de gravité, malgré ses ingrédients déjà beaucoup vus chez le maître britannique.

[rating=3]

Moi Daniel Blake photo CannesUn film social tonique, rempli de personnages tracés en finesse : le menu habituel, quand il s’agit de Ken Loach. Mais tant mieux : il excelle dans ce domaine. Loin de ses fictions historiques rasantes – le souvenir noir de Jimmy’s Hall survient – il sait développer des récits prenants et touchants. Tel est le cas avec Moi, Daniel Blake, ou l’histoire d’un cinquantenaire revenu d’une crise cardiaque, tout à coup privé de ses indemnités. Son interprète, Dave Johns – qui évoque Phil Collins physiquement – est si juste qu’on marche tout de suite. Lorsqu’il fait la rencontre de Katie, jeune mère courageuse dans le besoin qui pique une colère au bureau des allocations, même chose : on y croit, grâce à Hayley Squires et à son jeu fin. Il n’y a pas jusqu’aux employés auxquels se trouve confronté le héros, dans sa quête de plus en plus absurde, qui ne soient bien interprétés, et peints sans trop de manichéisme ou d’insistance. On aime aussi les petits détails qui jalonnent le scénario, telles les compétences auxquelles s’accroche Daniel, charpentier de formation : elles lui permettent de compter surtout sur lui-même…

Bien sûr, on prévoit à l’avance les fins de quelques scènes, et on regrette quelques-unes des séquences de la fin… De plus, on peut se demander si les connaisseurs de Loach apprendront vraiment quelque chose. Qu’importe : le film peut paraître léger, mais il s’avère profond, en insistant sur l’entraide, en nous permettant de juger ses personnages, sans nous asséner qu’ils ont raison, et en proposant à un moment une solution maligne – et actuelle – à la perte d’amour-propre qu’entraîne la précarité. Surtout, ce mélange d’énergie et de gravité, totalement maîtrisé par Ken Loach, convainc une fois encore. Il fait qu’on suit Daniel avec plaisir et peur dans son voyage administratif sans fin.

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Visuel : © Le Pacte

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Geoffrey Nabavian
Parallèlement à ses études littéraires : prépa Lettres (hypokhâgne et khâgne) / Master 2 de Littératures françaises à Paris IV-Sorbonne, avec Mention Bien, Geoffrey Nabavian a suivi des formations dans la culture et l’art. Quatre ans de formation de comédien (Conservatoires, Cours Florent, stages avec Célie Pauthe, François Verret, Stanislas Nordey, Sandrine Lanno) ; stage avec Geneviève Dichamp et le Théâtre A. Dumas de Saint-Germain (rédacteur, aide programmation et relations extérieures) ; stage avec la compagnie théâtrale Ultima Chamada (Paris) : assistant mise en scène (Pour un oui ou pour un non, création 2013), chargé de communication et de production internationale. Il a rédigé deux mémoires, l'un sur la violence des spectacles à succès lors des Festivals d'Avignon 2010 à 2012, l'autre sur les adaptations anti-cinématographiques de textes littéraires français tournées par Danièle Huillet et Jean-Marie Straub. Il écrit désormais comme journaliste sur le théâtre contemporain et le cinéma, avec un goût pour faire découvrir des artistes moins connus du grand public. A ce titre, il couvre les festivals de Cannes, d'Avignon, et aussi l'Etrange Festival, les Francophonies en Limousin, l'Arras Film Festival. CONTACT : [email protected] / https://twitter.com/geoffreynabavia

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