Cinema
Cannes 2018 : “Gräns” d’Ali Abbasi, troll de vie à Un certain regard

Cannes 2018 : “Gräns” d’Ali Abbasi, troll de vie à Un certain regard

11 May 2018 | PAR Alexis Duval

Production scandinave, Gräns, le deuxième long-métrage du réalisateur d’origine iranienne Ali Abbasi étonne par son scénario teinté d’absurde et de fantastique, ainsi que par ses acteurs grimés en laiderons. Une œuvre inégale.

[rating=3]

Il y a quelque chose de monstrueux au royaume de Suède. Quelque chose, ou plutôt quelqu’un. Et ce quelqu’un, c’est Tina. Douée d’un odorat hors du commun, la jeune femme est d’une laideur repoussante. Depuis l’enfance, elle subit moqueries, quolibets et rejets de la part de tous. Mais son talent olfactif lui permet d’être auréolée des plus franches réussites dans son métier de douanière, ce qui lui vaut d’être chargée d’une enquête sur la piste d’un réseau pédophile. En quête de vérité, elle se lance parallèlement à la recherche de sa propre identité…

Fable autour de la différence, Gräns (Border), présenté en compétition dans la sélection “Un certain regard” du festival de Cannes, est adapté d’un roman suédois de John Ajvide Lindqvist. Il déroule son intrigue sur un fil tendu et avance toujours à la lisière de plusieurs registres, sans jamais clairement coller à un genre en particulier. C’est la force et la faiblesse de ce deuxième long-métrage du réalisateur d’origine iranienne Ali Abbasi. Tantôt absurde, tantôt fantastique, tantôt sociétal, le film est à l’image du personnage de Tina : sympathique, touchant et difforme.

Une évocation en filigrane de la politique d’eugénisme suédoise

L’interprète principale, la suédoise Éva Melander, excelle et constitue à elle seule un argument en faveur du film. Grimée sous un masque qui confère une grande laideur à son personnage, elle développe un jeu sensible, à mi-chemin entre humanité et animalité. En filigrane de l’histoire de Tina, on devine aisément une évocation de la politique d’eugénisme qui a sévi en Suède en 1935 et 1996 et à cause de laquelle plus de 200 000 personnes ont été stérilisées.

Dommage, toutefois, que le film parte dans de trop nombreuses directions et prenne le risque de perdre le spectateur en refusant l’assignation à un genre unique. Quoi qu’il en soit, l’idée de cette femme-troll qui rencontre son alter ego mérite l’attention, tant pour son originalité que pour son traitement bancal.

Gräns (Border), un film d’Ali Abbasi, avec Eva Melander, Eero Milonoff, Viktor Âkerblom, présenté au festival de Cannes, dans la section “Un certain regard“. Durée : 1h48. Prochainement au cinéma.

Retrouvez tous les articles de Toute La Culture sur le Festival de Cannes dans notre dossier Cannes 2018

Visuel : affiche du film.

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Alexis Duval

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