Cinema
Brussels film festival, Jour 5 : sous le signe de la faim, de l’Europe et de la Grèce

Brussels film festival, Jour 5 : sous le signe de la faim, de l’Europe et de la Grèce

24 June 2013 | PAR Yaël Hirsch

 

 

Dernier jour pour Toute La Culture au Brussels Film Festival. Même si celui-ci se poursuit jusqu’à mercredi.

La matinée a commencé sous un ciel gris d’automne par un premier film fort et magnifique de la compétition. “The boy eating the bird’s food” de Ekktoras Lygizos. Filmé avec un réalisme bluffant et joué avec une véritable grâce par Yannis Papadipoulos, cette adapattion du livre « la Faim » du norvégien Knut Hamsun à la profonde misère de la Grèce d’aujourd’hui en respecte pleinement tout l’existentialisme. Concentré sur la survie impossible d’un jeune contre-ténor de 22 ans vivant sans moyens de subsistances- et bientôt sans eau courante- dans un appartement délabré de la banlieue de  Athènes, le film montre comment le jeune-homme, les yeux brillants et l’estomac brûlé par la faim, parcourt sans jamais renoncer à sa fierté certains lieux de la ville pour trouver un peu de nourriture pour lui et son magnifique et inutile canari. Un oiseau domestique avec lequel il partage les misères et les morceaux choisis, dont il mange les graines mais avec qui il partage les œufs ou les figues récoltés sur une route ou trouver un gagne-pain semble mission totalement impossible, que ce soit par son art en chantant le « Erbarme  dich » de Bach ou en tentant de vendre des abonnements téléphoniques à des compatriotes aussi ruinés que lui. Remarqué à Torronto, nous espérons que ce film fort et dur, trouvera son public partout en Europe, tant il porte avec parfois plus de force qu’un documentaire, le message de la douleur dans laquelle se trouvent les grecs et combien cette situation doit parler à tout humain et particulièrement aux Européens qui avaient cru vaincre complètement la faim depuis les Trente Glorieuses. Voici qu’elle revient, à la fois comme métaphore parfaitement maîtrisée par un jeune cinéaste grec rempli de références modernes européenne, mais également plus réelle, réaliste et donc effrayante, que jamais.

La soirée s’est poursuivie avec, à 18h la projection en avant-première belge de la comédie « Joséphine » avec Marilou Berry (sortie française le 19 juin),  celle, à 19h00 d’une très belle fiction sur une jeune-fille touchée par un terrible cancer « The girl with nine wigs », de Marc Rothemund, dont l’énergie et les ondes positives font penser au magistral « La guerre est déclarée » de Valérie Donzelli.  Enfin, à 21h30, a eu lieu la séance du très beau film sur sa famille de Diane Kurys « Pour une femme » que nous avons vu et dont nous vous avons parlé hier. Sortie sur les écrans français le 3 juillet.

Le Brussels Film festival continue donc à Ixelles avec au programme de demain un atelier sur les tournages écoresponsables, les projections du film de Michael Kohlhaas d’Arnaud des Pallières. Une partie du joyeux casting de “Tip Top” de Serges Bozon (primé à la Quinzaine des réalisateurs) dont le charismatique François Damiens devrait faire irruption demain à Flagey pour une projection prévue à 21h15. Mardi sera marqué par deux films polonais en soirée : “Lasting” de Jaceck Borcuch et “Loving” de Slawomir Fabicki et par deux séances de courts.

Quant à la clôture de mercredi, elle promet d’être somptueuse avec l’annonce des lauréats de cette 11ème édition et la projection de l’avant-première de la comédie romantique qui réunit Charlotte Rampling et Gabriel Byrne. Tourné par le fils de la mystérieuse icône britannique, Barnaby Southcoumbe  “I Anna” est un thriller plein d’humour qui nous avait drôlement plu, il y a deux ans à la Berlinale. La projection se fera en présence de Charlotte Rampling et du réalisateur. Rappelons que Charlotte Rampling était à l’honneur au Brussels Film festival avec la projection du documentaire “The Look” d’Angelina Macacrone et que la Présidente du Festival Paris Cinéma rendra elle-même hommage honneur au Cinéma belge dans la capitale française avec l’ouverture d’une édition du festival le 28 juin qui contient une imposante section “Made in Belgiëque”.

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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