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[BERLINALE] Menashe : l’amour face aux préjugés

[BERLINALE] Menashe : l’amour face aux préjugés

25 February 2017 | PAR William Meignan

 

 

Le New Yorkais Joshua Z Weinstein a présenté son premier long-métrage de fiction dans la section Forum de la 67ème Berlinale. Les documentaires sont, dans cette section, au cœur du programme et c’est sans doute pour son approche sociologique du milieu des Hassidéens de Brooklyn que la co-production Israélo-Americaine, Menashe y trouve sa place.

 

 

 

Critique de Oktay Tuncer

La question centrale du film à laquelle le protagoniste est confrontée est la suivante : Comment faire face à l’effondrement de la structure familiale traditionnelle au sein d’une communauté ultra-orthodoxe close ?

Cette étude du milieu des Hassidéens, groupe de juifs très pieux, à Brooklyn nous emmène dans le quotidien d’un père célibataire qui tâche de continuer sa vie malgré les critiques de ses pairs. Le personnage est présenté à la fois par son côté triste et aimable mais sans oublier sa tendre maladresse qui égaie le film.

 

Menashe est, dans un premier lieu, défini par sa situation économique difficile. Il travaille comme vendeur dans une petite épicerie juive de quartier. Dévot et bienveillant, il est perçu comme marginal dans sa communauté autant par son apparence (il cache par exemple ses papillotes derrière ses oreilles) que par son habitude occasionnelle de boire un verre.

Ce qui importe par-dessus tout à Menashe est de passer son temps libre avec son fils. L’oncle, qui a la garde du garçon depuis le décès de sa mère, rend la chose compliquée. Menashe est l’objet de critiques fréquentes et insidieuses. Le Rebbe, guide spirituel de la communauté, et son beau-frère le harcèlent constamment et n’hésitent pas à juger son mode de vie et à s’introduire dans ses affaires. On lui suggère à plusieurs reprises de se remarier pour récupérer la garde de son fils.

L’anniversaire du décès de sa femme s´approche et lui offre l´opportunité de prouver aux autres qu´il a les capacités d´organiser un tel évènement et donc, sa vie. Voilà une situation pour rétablir son image.

Le conflit central de l’histoire est la garde du fils de Menashe. Qui est suffisamment légitime pour décider de ce qui est le mieux pour le garçon ? Dans cette lutte entre le père, l’enfant et la communauté, la définition de la famille et plus généralement du mode de vie divergent et entrent en conflit.

Toute l’action se déroule dans un environnement clos : on ne voit presque pas de personnes non-juives, la langue dominante est le yiddish, des lectures collectives de la Torah et des prières sillonnent la narration. De ce fait, les conflits sont concentrés, bien cernés et mieux observable.

La caméra, grâce à de nombreux plans rapprochés, capte avec beaucoup de justesse le monde intérieur de Menashe, son décalage entre tristesse, motivation et frustration. En outre, Ruben Niborski est très convaincant dans le rôle du fils et ajoute de la profondeur au film par le grand réalisme de son personnage.

Le film n’a pas la prétention d’offrir une solution à ces problèmes inextricables. Il nous propose plutôt, sur ton narratif calme et un style documentaire très juste, une réflexion sur les multiples dimensions d’un conflit finalement universel. Menashe est le genre de personnage rafraichissant, un anti-Clooney, que l’on aimerait bien voir d’avantage porté au grand écran.

Crédit Photo : © Federica Valabrega

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