Cinema
Berlinale, jour 7 : Fifty shades of the world à Berlin même

Berlinale, jour 7 : Fifty shades of the world à Berlin même

12 February 2015 | PAR Yaël Hirsch

Beaucoup de bons film aujourd’hui à la Berlinale et… enfin du sexe; inattendu et jouissif chez Greenaway et très attendu mais pas trop perceptif avec Fifty Shades of grey. Et oui du réalisateur indépendant majeur anglais à l’adaptation du mummy porn, Berlin était aujourd’hui la ville des extrêmes. Et un grand voyage qui nous a aussi emmenés au Mexique, en Roumanie, à Haiti et à Shanghai.

La journée a commencé en noir et blanc avec la fresque historique dûment documentée de Radu Jude, Aferim ! (injonction turque pour dire : Bien joué !). Le réalisateur roumain (que nous avions découvert à Belfort en 2012 avec l’intimiste Everybody in our family, voir notre critique) propose un récit de voyages en noir et blanc où l’on suit un père et son fils chassant un esclave tsigane. Filmée presque comme dans les années 1920, cette somme à la fois picaresque et truculente montre une certaine Roumanie, aussi antisémite qu’acharnée contre ses Roms. Un film où l’on retrouve Liminita Gheorghui, ours de la meilleure actrice ici il y a deux ans… (voir notre critique)

Dans la matinée également, Toute La Culture a fait un petit tour du côté de Panorama pour voir le film du réalisateur de Lumumba, Raoul Peck sur le tremblement de terre à Haïti. Film de deuil et de vie au cœur duquel vibre une vraie femme fatale comme on n’en avait pas vue depuis longtemps (interprétée par Lovely Kermonde Fifi), Mort à Pacot est également une déclaration d’amour bouleversante à Haiti, y compris dans ses aspects les plus sombres. (Voir notre critique)

Nous pouvons désormais l’avouer : nous craignons un peu la projection du film de Peter Greenaway en compétition à la Berlinale. Après avoir été déçu par deux grands maîtres du 7ème art : Werner Herzog et Wim Wanders, nous ne voulions pas ressortir blêmes du Eisenstein in Guanajuato de Greenaway. Mais le réalisateur britannique de meurtre dans un jardin anglais a su, encre une fois, nous étonner et nous réjouir. Sa mise en scène vivante, très sensuelle et majestueuse du cinéaste russe en voyage au Mexique était un petit bijou de joie de vivre. Si le pitch est simple : En voyage au Mexique sur fonds américain Eisenstein (énergique Elmer Bäck, qui peut prétendre à l’Ours) déjà très connu débarque avec sa librairie. C’est son guide sur place, le beau Palomino (Luis Alberti) qui l’initie aux mystères des morts mexicains et aux plaisirs de la chair. Avec sa scène de sexe jouissive et pleine d’humour plantée au centre du film, ses split-screens moqueurs de cartes postales et ses deux protagonistes très dévêtus, Eisenstein in Guanajuato, pourrait bien valoir à Greenaway à 73 ans, un Teddy Award). Un moment pétillant. (Voir notre critique)

Dans l’après-midi, le troisième film en compétition de la journée était aussi le premier film d’Asie que l’on voyait. Sorte de Moulin Rouge qui rencontrerait le Parrain et se déroulerait dans le Shanghai des années 1920, Gone with the Bullets de Jiang Wen  se met lui même en scène un noble déclassé par la révolution de 1911. Une fresque haute en couleur, voir un peu clinquante, qui est plus à savourer pour ses dialogues (traduits) taclant la démocratie avant qu’elle ne soit populaire et la nouvelle société chinoise, que pour son intrigue. (Voir la critique).

Prêtes à tout, nous avons accompli cette dernière journée de Berliale comme nous l’avions bravement annoncé en nous donnant 50 excuses. Fendant la foule (presse) en délire (avec autant d’hommes que femmes, faut-il préciser) de la grande et belle star du Cinestar de la Sony Center, nous avons vu le très attendu Fifty Shades of Grey par Sam Taylor-Johnson avec Dakota Johnson et Jamie Dornan. Et devinez quoi? Et bien on ai aimé! Déjà l’entrée en matière bien rythmée, le respect du tome 1, les deux sont beaux et jouent bien et même s’il y a moins de sexe que chez Peter Greenaway, on les vois au moins de dos et nus. Notre critique, ici.

Demain, c’est notre dernière journée à la Berlinale. Nous avons déjà une petite idée de l’ours d’or que nous vous communiquerons samedi matin, avant le palmarès du soir. Et encore des films en compétition à voir… A demain, pour un dernier live-report 2015 en direct de Berlin.

[Berlinale, Compétition] “Gone with de Bullets”, Jiang Wen aux manettes d’un grand manège coloré
[Berlinale, Compétition]”Aferim!” chasse à l’homme dans la Roumanie de 1835
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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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