Cinema
[Arras Film Festival] “Belgian Disaster”, un beau délire à voir pour ses interprètes

[Arras Film Festival] “Belgian Disaster”, un beau délire à voir pour ses interprètes

08 November 2017 | PAR Geoffrey Nabavian

A l’Arras Film Festival 2017, qui se poursuit jusqu’au 12 novembre, on a pu visionner ce beau délire belge, dirigé par une équipe habitée, et underground à sa façon. Un film projeté dans un contexte bien particulier…

[rating=3]

Belgian Disaster est une comédie déjantée d’origine belge qu’on a choisi de voir… pour ses acteurs, bien entendu. On y découvre, dans une petite boutique nommée “Aux années 70”, trois gros ratés bien lourds, et bien attachants, qui vont monter une “arnaque à la famille riche” en compagnie d’un quatrième larron, tandis que leurs femmes travaillent à l’usine. Pour jouer ces trois gars : rien de moins que Jean-Luc Couchard (aussi marquant dans Dikkenek que sur les scènes des théâtres subventionnés), Sam Louwyck (magique dans Les Garçons sauvages, à l’affiche bientôt), et Michel Schillaci, complétés par l’excellemment juste Arsène Mosca, dans le rôle de “l’expert criminel”. Un interprète essentiel que les festivals devraient célébrer plus… De l’humour bien gras, bien bête et régressif, ça vous dit ? Avec des acteurs d’exception, oui ! Surtout quand celles qui leur donnent la réplique rivalisent aussi en termes de talent : Erika Sainte, Stéphane Bissot et Christelle Delbrouck s’y révèlent excellentes. Et aussi, lorsque la grande patronne monomaniaque qui menace ce petit monde est jouée par Lio. Belgian Disaster était ainsi projeté à l’Arras Film Festival 2017 (18e édition, qui se poursuit jusqu’au 12 novembre) dans le cadre d’un focus sur les films joués par Helena Noguerra et ceux joués par Lio, sa sœur. Cette comédie signée Patrick Glotz a été montrée pour sa nature un peu “improbable“, son côté “film d’outsider”, et sa qualité de… “désastre commercial“, lors de sa sortie. A ce titre, au cours de la matinée du même jour, Helena Noguerra était apparue sur les écrans d’Arras dans La Clinique de l’amour !, film du regretté Artus de Penguern…

Une comédie avec mini intrigue policière totalement déjantée et régressive, donc… Mais aussi habitée par l’humanité de ses interprètes. Occupés à coiffer en essayant de ne pas couper des gorges, à coller des enveloppes frénétiquement, ou à essayer d’avoir l’air de criminels inquiétants. C’est de leurs personnalités, belles, bonnes, et très humaines, que provient toute l’essence comique du film. Celle qui fait que l’on rit juste. Et que l’on remplace les clichés par de la tendresse : à ce titre, le personnage du jeune Mirko se révèle très touchant et convaincant… Et il n’y a pas jusqu’au jeune Nicolas Robin, au ton et à l’air snobs bien étudiés, qui ne soit au final excellent, dans son rôle.

Alors, bien sûr, le scénario de Belgian Disaster est un peu bancal. Sa fin apparaît peu claire. Et il ne s’impose pas comme un film à l’ampleur folle. Mais toute l’humanité qu’il porte donne à voir au final, en arrière-plan, des idées pas bêtes sur des hommes fourbus et assez nuls, et des femmes qui les portent et sont bien meilleures…

Dans la foulée de la projection, le rendez-vous, animé par Jean-Marc Lalanne, des Inrocks, qui a réuni Lio et Helena Noguerra, a vu les deux sœurs chanteuses évoquer un peu leurs faits d’arme au cinéma. La seconde – vue dans La Vie domestiqueL’Arnacoeur, La Boîte noire, et d’autres comédies – ayant avancé qu’elle aimait “bien créer un personnage loin d[‘elle]” lorsqu’elle tournait, à la différence de son travail sur ses chansons, chargées de son “champ lexical, [ses] problématiques à [elle]”, on a pu voir ensuite Lio remarquer, avec J.-M. Lalanne, que les films les plus brillants qu’elle a à son actif – Sale comme un angePersonne ne m’aimeCarnages ou encore d’autres titres, plus nombreux qu’on ne penserait – avaient peut-être pu capter chez elle “une part de noir, inattendue par rapport à son personnage scénique, son corps de scène”. Au final, questionnée sur la manière dont elles se complétaient, les deux sœurs ont affirmé que l’une “mettait un peu d’électricité dans la nonchalance” de l’autre, par exemple…

Visuels : © Patrick Glotz

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Geoffrey Nabavian
Parallèlement à ses études littéraires : prépa Lettres (hypokhâgne et khâgne) / Master 2 de Littératures françaises à Paris IV-Sorbonne, avec Mention Bien, Geoffrey Nabavian a suivi des formations dans la culture et l’art. Quatre ans de formation de comédien (Conservatoires, Cours Florent, stages avec Célie Pauthe, François Verret, Stanislas Nordey, Sandrine Lanno) ; stage avec Geneviève Dichamp et le Théâtre A. Dumas de Saint-Germain (rédacteur, aide programmation et relations extérieures) ; stage avec la compagnie théâtrale Ultima Chamada (Paris) : assistant mise en scène (Pour un oui ou pour un non, création 2013), chargé de communication et de production internationale. Il a rédigé deux mémoires, l'un sur la violence des spectacles à succès lors des Festivals d'Avignon 2010 à 2012, l'autre sur les adaptations anti-cinématographiques de textes littéraires français tournées par Danièle Huillet et Jean-Marie Straub. Il écrit désormais comme journaliste sur le théâtre contemporain et le cinéma, avec un goût pour faire découvrir des artistes moins connus du grand public. A ce titre, il couvre les festivals de Cannes, d'Avignon, et aussi l'Etrange Festival, les Francophonies en Limousin, l'Arras Film Festival. CONTACT : [email protected] / https://twitter.com/geoffreynabavia

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