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“Tesnota” de Kantemir Balagov, un premier long-métrage russe intense et puissant [Cannes, Un Certain Regard]

“Tesnota” de Kantemir Balagov, un premier long-métrage russe intense et puissant [Cannes, Un Certain Regard]

26 May 2017 | PAR Yaël Hirsch

Remarqué au festival de Locarno en Suisse, le jeune réalisateur russe Kantemir Balagov nous propose “Tesnota” (“Closeness”), un premier long-métrage familial, intense et maîtrisé en compétition dans la section “Un certain Regrad” de ce 70ème festival de Cannes. Un de nos chouchous dans cette exigeante sélection.
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Daria Jovner et Kantemir Balagov © Yaël Hirsch

Récemment immigrée dans une ville aux confins du Caucase, une famille juive tient un garage. Au grand dam des parents, tandis que le fils flirte avec une jeune fille de la communauté, leur fille (l’actrice Daria Jovner, qui crève l’écran) s’habille en homme et n’aime rien d’autre que travailler dans le cambouis. Pour couronner le tout, elle sort avec un type un peu punk de la communauté kabarde. Après les fiançailles du fils, un drame arrive : des malfaiteurs enlèvent ce dernier et sa fiancée contre une rançon. Les Juifs du village se réunissent, mais ne parviennent à rassembler la somme suffisante que pour l’un des deux amoureux. Le père est donc obligé de vendre son garage au rabais pour sauver la vie de son fils, à moins que sa fille accepte d’épouser un autre membre de la communauté.

Sorte de Roméo et Juliette moderne, transposé dans un milieu post-soviétique mouvant, où les Juifs ne semblent jamais les bienvenus, “Tesnota” (“Closeness”) retrace avec maestria l’impression d’enfermement liée à la vie dans une communauté. L’esthétique du film, sombre et léchée, est aussi réaliste que picturale. Nous suivons, ébahis, les mésaventures d’une héroïne très sympathique, qui se trouve triplement acculée : par sa famille, par la communauté juive et par une société qu’on devine à peine à travers le petit copain et les ravisseurs hors champs. Mais cette dernière est clairement d’une brutalité dont l’antisémitisme n’est qu’un épiphénomène…

Tesnota” (“Closeness”), de Kantemir Balagov, avec Darya Zhovner (Ila), Olga Dragounova (Adina), Atrem Cipin (Avi), Veniamin Kac (David) et Nazir Zukhov (Zalim), Russie, 2017, 1h58. En compétition dans la section “Un Certain Regard”.

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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