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“Mother!” : la maison hantée devient le tombeau gore du couple chez Aronofsky

“Mother!” : la maison hantée devient le tombeau gore du couple chez Aronofsky

10 September 2017 | PAR Yaël Hirsch

Après un Noe (2014) aux grands horizons de peplum de science-fiction, Darren Aronofsky renoue avec l’épouvante intime de Black Swan (2010) dans Mother !. Le point d’exclamation n’est pas de trop dans ce film où Jennifer Lawrence et Javier Bardem s’ensevelissent dans une procréation/ création couvée et menacée par une grande maison quasiment impossible à rénover. Un film qui divise, tant Aronofsky va loin sur la route de ses fantasmes gores. Et pourtant, Mother! hante le spectateur car le film en dit long sur l’art et sur le couple.

[rating=4]

Lui est écrivain à succès en manque d’inspiration (Bardem), elle est sa jeune femme de vingt ans de moins très amoureuse et décidée à refaire toute la grande maison de son mari pendant qu’il écrit son nouvel (Lawrence, sublimée et objectifiée par Aronofsky). L’arrivée impromptu d’un fan et de sa femme (Ed Harris et Michelle Pfeiffer) sans gêne vient enrayer l’isolement et la routine amoureuse pour transformer la maison en série de scènes de crimes. Avant que la création (livre de lui) ait lieu, la jeune-femme tombe enceinte. Les rituels du couples reviennent mais pour mieux laisser la place à de futurs débordement.

Dans ce film qui commence comme un classique film de maison hantée où le parquet craque et se termine sur des envolées extrêmes et essentielles sur la guerre du couple à la Anti-Christ de Lars von Trier, Mother ! va très loin dans l’exploration d’un mythe originel qui anime Aronofsky : l’exploitation de la femme par l’homme et de la muse par l’artiste. Il n’y va pas de main morte sur le symbolisme et sur le gore des images, mais c’est justement parce qu’il va aussi loin dans le démonstratif dans la deuxième partie du film que Mother! dépasse le statut de simple film de genre. Qu’on ait adhéré ou qu’on ait ri aux derniers points sur le i de “tuerie”, on ne sort pas indemne de ce film qui dérange et sublime son actrice- objet de sacrifice. Du Aronfsky pur sang, comme on aime le réalisateur dans Requiem for a Dream ou Black Swan : extrême, cannibale et déjanté.

Mother! de Darren Aronofsky, avec Jennifer Lawrence, Javier Bardem, Michelle Pfeiffer, Ed Harris, USA, 2017, 1H55. Sortie le 13 septembre 2017.

visuel : affiche du film.

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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