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Les Gardiennes

Les Gardiennes

10 December 2017 | PAR Melissa David

Adaptant un roman d’Ernest Perochon de 1924, Xavier Beauvois signe avec les Gardiennes son septième long-métrage. Césarisé meilleur film pour des Hommes et des dieux en 2010, le réalisateur traite un fois de plus un sujet historique : le rôle des femmes à l’arrière lors de la Guerre de 14.

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1914. A la ferme du Paridier, les hommes sont partis. Hortense ne peut donc compter que sur sa fille Solange pour reprendre en main la ferme familiale. Le travail y est dur, les journées longues, et le moral au plus bas. C’est dans ce contexte d’incertitude de revoir un jour ceux qu’elle aime qu’Hortense décide d’engager Francine, une jeune orpheline de 20 ans. La nouvelle recrue seconde alors la mère et la fille dans les travaux agricoles et s’intègre peu à peu dans cette nouvelle famille.

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Le retour d’un cinéma contemplatif.

Il y a dans les Gardiennes, un sentiment d’inachevé. Ce n’est pas une histoire qui nous est racontée mais une image qui est à regarder. A l’instar de Pialat, Xavier Beauvois laisse sa caméra filmer sans fin la vie dans tout ce qu’elle peut avoir de plus beau et de plus tragique. Car c’est en effet l’amour, la guerre, l’injustice, l’entraide, la solitude, et l’espoir à travers la vie de ces paysannes qui ici mis en scène.

Ce serait une erreur d’attendre de ce dernier film de Xavier Beauvois, un scénario construit, où se succéderaient des séries d’actions et de diverses péripéties. Les Gardiennes ne cherchent pas à susciter notre compassion ou notre pitié, mais plutôt à montrer avec justesse la vie des villages français en 1914. Des vieux qui picolent aux femmes qui travaillent, des pleurs à l’église aux amours des retrouvailles, c’est un film réaliste et contemplatif que nous propose ici le cinéaste. Chaque scène se succède, chaque émotion trouve sa place, et chaque acteur joue son rôle à la perfection. On y voit le passage de l’agriculture presque vivrière, où tout se fait main, à l’arrivée des premiers tracteurs Ford, la confiance des premiers jours de combats aux traumatismes des dernières années, et l’attente des femmes, qui dans leur solitude ne perdent jamais espoir de revoir un jour ceux qu’elles aiment. Ainsi, c’est la force de ces conjointes, de ces mères et de ces sœurs, tant physique qu’émotionnelle que met ici en scène le cinéaste. Des femmes, qui même dans leurs erreurs, nous touchent par leur courage, leur persévérance et leur foi. Nathalie Baye, qui interprète le rôle Hortense, qualifiait lors d’une interview dans télé matin le cinéma de Beauvois d’être « sans bidouillage, allant droit au but ». On retiendra en effet des Gardiennes cette transparence dans les sentiments qui fait toute la beauté du film.

Les Gardiennes de Xavier Beauvois avec Nathalie Baye, Laura Smet et Iris Bry.

Crédits: © Guy Ferrandis / Pathé Distribution

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