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[Critique] « La tête en l’air », un film d’animation vivifiant et rayonnant du 3ème âge

[Critique] « La tête en l’air », un film d’animation vivifiant et rayonnant du 3ème âge

31 January 2013 | PAR Hugo Saadi

Ignacio Ferreras, le collaborateur du césarisé L’Illusionniste de Sylvain Chomet, décide pour son premier film d’adapter le roman de Paco Roca, « Rides » (Arrugas) avec comme thème majeur la vieillesse et la maladie d’Alzheimer. La tête en l’air, déjà primé meilleur film d’animation aux Goya 2012 et mention spéciale au festival d’Annecy 2012, propose une vision originale et plaisante de la vie au sein de la maison de retraite et des craintes des pensionnaires face aux maladies. Cette immersion est réussie, le film nous transporte à l’intérieur et on en ressort gai malgré la gravité du sujet.

Ignacio Ferreras dote son film d’un humour décalé mais bien amené. Il présente ces octogénaires comme des feuilles mortes mais surtout comme des « condamnés » au sens carcéral, coincés dans leur cellule et dans un bâtiment aux murs élevés dotés de fils barbelés où toute sortie est interdite : le portail ne s’ouvrant que pour les visiteurs. Le film impose également une certaine tension, celle du deuxième étage que l’on pourrait comparer au couloir de la mort, étage pour les « assistés et les causes perdues ». L’univers de la prison est également présenté de façon humoristique grâce notamment à Miguel, le vétéran de la maison et compagnon de chambré d’Emilio, le nouvel arrivant. Miguel va incarner le mafieux, soutirant dès qu’il le peut de l’argent aux autres pensionnaires. La crainte de voir son nouveau meilleur ami Emilio monter au second étage rythme le film. Lorsque la perte de mémoire de ce dernier commence à se faire sentir, Miguel commence à tout imaginer pour éviter la monté, jusqu’à l’évasion de la maison de retraite / prison !

Bien que sur le papier La tête en l’air ne présente pas un attrait particulier, le film réussit à nous tenir en éveil pendant une petite heure et demie. L’immersion en terre inconnue se fait de manière originale avec une présentation des « clichés » des personnes âgées. L’animation du film est très jolie, des couleurs toujours chaudes maintiennent le film dans un esprit joyeux, notamment lors des repas, où les morceaux de piano de la bande originale viennent rythmer le film et les différentes péripéties. La principale réussite du film est qu’il ne tombe pas dans le pathos et le larmoyant mais qu’il nous délivre en contrepartie un beau tableau sur les personnes âgées, l’entraide entre elles et sur la difficulté de voir « partir » ses amis en attendant son tour. Selon Ignacio Ferreras, le long métrage ne cherche pas à faire passer un message mais principalement une réflexion sur la vieillesse et sur la maladie d’Alzheimer. L’histoire entre les protagonistes intrigue le spectateur qui se laisse bercer par les multiples anecdotes et bêtises de ces ainés, tête en l’air mais à l’esprit toujours enfantin et plein d’espièglerie.

Hugo SAADI

La tête en l’air (Arrugas), Tiré du roman graphique de Paco Roca, disponible aux Editions Delcourt, Film d’Ignacio Ferreras, avec Tacho Gonzalez, Mabel Rivera, Espagne, 1h29. Sortie le 30 janvier 2013.

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