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“Juillet Août”: Après son film-choc “Un Français”, Diastème signe une comédie douce-amère

“Juillet Août”: Après son film-choc “Un Français”, Diastème signe une comédie douce-amère

12 July 2016 | PAR Gregory Marouze

Virement à 180 degrés pour l’écrivain-dramaturge-scénariste-réalisateur Diastème ! Après avoir relaté le parcours sur plusieurs décennies d’un skinhead dans son film Un Français, Diastème change radicalement de registre avec Juillet Août puisqu’il s’aventure dans la comédie estivale. Si le cinéaste ne signe pas un ersatz de Camping, on peut se demander s’il n’a pas mis un peu (beaucoup) d’eau dans son vin. Alors, Juillet Août, vraie tentative de comédie sincère ou film opportuniste pour toucher un large public ?

[rating=2]

Toute la Culture été impressionné par l’ambition de Un Français. Voilà un film qui n’a pas connu le succès mérité, malgré quelques menus défauts et un manque de moyens qui se faisait parfois ressentir. Quel courage que de porter à l’écran le portrait d’un skinhead en rédemption, de faire un état des lieux de l’extrême droite française sur plus de vingt ans ! A l’heure où le cinéma politique est particulièrement inexistant en France, le film de Diastème était un coup de pied dans la fourmilière d’une production hexagonale souvent frileuse.

Juillet Août nous emmène vers d’autres rives. Et pourquoi pas après tout ? Un artiste n’est pas obligé de toujours nager dans les mêmes eaux. De plus, Diastème a peut-être été échaudé par le manque de courage des exploitants qui furent peu nombreux à accueillir son film dans leurs salles.
N’oublions pas non plus qu’avant Un Français, Diastème avait signé un tout autre genre de film avec la comédie dramatique Le Bruit des gens autour (coécrit avec Christophe Honoré).

Juillet Août renoue davantage avec l’esprit de ce premier long réalisé en 2007. Le réalisateur semble s’être souvenu des comédies estivales des décennies 70-80. On peut citer pêle-mêle – sans hiérarchiser – : La Baule-les-Pins, Les Maris, les Femmes, les Amants, L’hôtel de la Plage, … Et comme Juillet Août fait intervenir une gamine qui entre de plein pied dans l’âge difficile de l’adolescence, on pense forcément à La Boum de Claude Pinoteau ou au film de Claude Miller, L’Effrontée. Mais arrêtons-nous ici en ce qui concerne les références.

Juillet Aout 7

Le film de Diastème porte indéniablement la marque de son auteur. Il alterne scènes de comédie légères et moments plus amers, ne cède jamais à la vulgarité, porte un soin tout particulier au casting et à la direction d’acteurs. Aucun comédien n’est une erreur de distribution: Patrick Chesnais est délicieux, désarmant de charme et d’élégance. La trop rare Pascale Arbillot – (re)voyez le disjoncté Grégoire Moulin contre l’Humanité du regretté Artus de Penguern – est délicieuse. La petite Luna Lou est une belle révélation. Thierry Godard (le Gilou de la série TV Engrenages) surprend dans un registre inhabituel. Et Alma Jodorowsky (petite-fille du grand Alejandro) se montre plus que convaincante.

Le hic, c’est que Juillet Août ne se contente pas de raconter l’histoire d’une famille recomposée sous forme de comédie douce-amère. Le film se double d’une vague intrigue policière qui installe un suspense maladroit et artificiel. Comme si Diastème n’avait pas eu assez confiance en son histoire, se sentant obligé de la « booster ». Du coup, comme on s’ennuie, on finit par décrocher.

Reste quelques chansons qui viennent joliment illustrer les sentiments des personnages. Diastème a eu la bonne idée de confier la composition de ces ballades à Frédéric Lo, de prendre comme parolier Alex Beaupain et demander à son chanteur français préféré, Jérémie Kisling, de les interpréter. Ces chansons apportent la fraicheur qui manque à Juillet Août dans sa deuxième partie.

La sincérité de Diastème n’est pas en cause. On ne trouve pas dans sa démarche la moindre trace d’opportunisme pour se « refaire » après Un Français. Pour autant, nous ne considérons pas Juillet Août comme une franche réussite. A vous, désormais de vous faire votre propre opinion dans les salles.

Grégory Marouzé.

Juillet Août Réalisation Diastème Scénario Diastème Adaptation et dialogues Diastème et Camille Pouzol Image Pierre Milon, AFC Musique Originale Frédéric Lo Durée : 1h36 Sortie le : 13 juillet 2016

Visuels: © Diaphana Distribution

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Gregory Marouze
Cinéphile acharné ouvert à tous les cinémas, genres, nationalités et époques. Journaliste et critique de cinéma (émission TV Ci Né Ma - L'Agence Ciné, Revus et Corrigés, Lille La Nuit.Com, ...), programmation et animation de ciné-clubs à Lille et Arras (Mes Films de Chevet, La Class' Ciné) avec l'association Plan Séquence, Animateur de débats et masterclass (Arras Film Festival, Poitiers Film Festival, divers cinémas), formateur. Membre du Syndicat Français de la Critique de Cinéma, juré du Prix du Premier Long-Métrage français et étranger des Prix de la Critique 2019, réalisateur du documentaire "Alain Corneau, du noir au bleu" (production Les Films du Cyclope, Studio Canal, Ciné +)

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