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“Frankenstein Junior”: reprise de la parodie hilarante et cultissime de Mel Brooks !

“Frankenstein Junior”: reprise de la parodie hilarante et cultissime de Mel Brooks !

18 June 2017 | PAR Gregory Marouze

Toute La Culture ne pouvait passer cette semaine à côté de la reprise de l’un des films les plus drôles de l’Histoire du cinéma : Frankenstein Junior de Mel Brooks. Si la comédie est un genre difficile à réussir, la parodie l’est peut-être davantage. Mel Brooks, l’un des maîtres du genre, signe en 1974 – sur une idée de Gene Wilder – ce film qui va marquer la parodie d’une pierre angulaire. En respectant tout à la fois les classiques produits par la Universal Monsters, mais aussi en s’en affranchissant, Mel Brooks va recueillir tous les suffrages…

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A l’heure où Universal déterre ses monstres avec sa nouvelle franchise Dark Universe – dont le premier volet, La Momie avec Tom Cruise est actuellement à l’affiche -, il est bienvenu de découvrir ou redécouvrir le Frankenstein Junior de Mel Brooks !

Mel Brooks est né le 28 juin 1926 (bientôt 91 ans, le bougre !) à New York dans une famille juive germano-russe. Après avoir fait ses premiers pas dans le stand up, il crée en 1965 la série TV Max la Menace, parodie de films et feuilletons d’espionnage.

En 1974, Brooks a déjà deux longs-métrages à son actif : Les producteurs (1968 – Oscar du meilleur scénario original pour l’auteur/réalisateur) et Le mystère des douze chaises (1970), film très personnel et original qui portera un temps le titre français totalement ridicule de Sois riche et tais-toi.

De son côté, Gene Wilder (disparu le 29 août 2016 et qu’on doit vraiment considérer comme le co-auteur de Frankenstein Junior) a depuis pas mal de temps l’idée de signer une parodie des Frankenstein réalisés par James Whale, qu’il adorait gamin. Frankenstein (1931), La fiancée de Frankenstein (1933), ont marqué à tout jamais une génération de jeunes cinéphiles américains qui, pour certains, deviendront de futurs cinéastes (on pense à Tim Burton évidemment, mais surtout à John Landis et Joe Dante).

Gene Wilder – qui a déjà travaillé avec Mel Brooks sur Les producteurs – lui propose son script. Wilder craint d’abord que Brooks ne refuse le film. Par chance, Mel Brooks trouve l’idée géniale et accepte de mettre en scène le film pour le compte de la Twentieth Century Fox.

Les deux hommes vont s’entendre comme larrons en foire (il y aura tout de même discussion sur certains gags). Simplement parce qu’ils ont la même culture, ont grandi avec les mêmes films et sont amoureux des productions Universal Monsters.

Mel Brooks dira : « J’ai commencé à rêver régulièrement que Frankenstein montait les escaliers de secours jusqu’à ma chambre. Pourquoi il serait venu jusque-là, je ne l’analysais pas. Mais j’étais sûr qu’il me poursuivait… Et c’est une des raisons qui m’ont poussé à tourner Frankenstein Junior. Je voulais en finir avec ce cauchemar, je voulais exorciser ma peur de ce démon. Et je voulais qu’il devienne un ami. »

Comme quoi, la décision de réaliser un film tient parfois à peu de choses.

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Brooks et Wilder vont se déchaîner, écrire des gags délirants, fins, quand d’autres sont largement en dessous de la ceinture. Mais il ne vont jamais oublier l’amour qu’ils portent au monstre de leur enfance : la créature du Docteur Frankenstein.

Wilder incarne dans le film le docteur Frankenstine (la prononciation est très importante), arrière petit-fils du Dr. Frankenstein et qui, évidemment, va être amené à revivre les mésaventures de son ancêtre illustre.

Dans Frankenstein Junior, tout est extrêmement soigné. Rien n’est laissé au hasard. Les deux complices savent que pour que leur parodie soit réussie, elle doit être évidemment irrévérencieuse mais aussi respectueuse. L’idée est de ne jamais sous-estimer le genre fantastique. Ni le mépriser. Le mot d’ordre est de ne pas regarder les films qu’ils ont adoré enfants (et qu’ils adorent toujours) de haut !

La photographie est en tous points identique aux films de la Universal. Il s’agit d’une photo très expressionniste (les ombres portées de la créature sur les murs de la petite ville, lorsqu’elle est en liberté).

Cette photo qu’on doit à Gerald Hirschfeld – l’homme a travaillé notamment avec Sidney Lumet, Robert Wise et, Jack Arnold: le réalisateur de L’Etrange Créature du Lac Noir (1954) – rend un hommage scrupuleux aux images des films Universal Monsters.

La Twentieth Century Fox s’oppose d’abord au noir et blanc. Mais Brooks menace de ne pas réaliser le film, si on lui impose un tournage en couleurs. Les studios cèdent.

Gerald Hirschfeld va d’ailleurs connaitre de grandes difficultés sur Frankenstein Junior car les laboratoires n’ont pas développé de noir et blanc depuis huit ans !

Bien que Frankenstein Junior soit une production Fox, Mel Brooks a pu récupérer pour son film certains décors des films de la Universal.

Frankenstein Junior a donc été tourné dans le même laboratoire que le Frankenstein réalisé en 1931 par James Whale. La plupart du matériel de laboratoire utilisé comme accessoire a été créé par Kenneth Strickfaden pour le film de 1931. Le château est également celui du même film.

La musique, signée John Morris – complice de Brooks – est une merveille qui retrouve toutes les ambiances des classiques du cinéma d’épouvante des années 30 et 40.

Pour finir, Frankenstein Junior fait une multitude de références aux films de la saga Universal Monsters. On y retrouve dans une scène hilarante le célèbre Gene Hackman (méconnaissable) qui reprend le rôle de l’aveugle apparaissant dans La fiancée de Frankenstein.

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Quant à la distribution, c’est un sans faute : Wilder est un magnifique Dr. Frankenstine, Peter Boyle, s’il est très drôle, est une créature aussi émouvante que le fut Boris Karloff dans les films originaux. Marty Feldman qui incarne Aï-gor – l’assistant du Docteur Frankenstine – est inoubliable.

A sa sortie, Frankenstein Junior devient instantanément un film culte et un classique.

La même année (1974) que Frankenstein Junior, Mel Brooks et Gene Wilder prolongeront leurs délires avec Le Shérif est en prison, hilarante parodie de westerns.

Quant à la Fox, elle remettra le couvert en produisant en 1975, l’adaptation cinématographique de l’opéra-rock de Richard O’Brien : The Rocky Horror Picture Show  (Jim Sharman) autre film hommage au cinéma fantastique où l’on retrouve des références innombrables à Frankenstein, la S-F des fifties, les films de monstres, …

Si Mel Brooks poursuivra dans le genre parodique (Spaceballs en 1987), il ne retrouvera sans doute jamais le coup de génie de Frankenstein Junior.

Alors, surtout, ne ratez pas l’occasion – rare – de découvrir ou redécouvrir cette merveille en numérique, et sur grand écran !

Grégory Marouzé

Frankenstein Junior (Young Frankenstein – 1974) de Mel Brooks

Interprètes : Gene Wilder, Peter Boyle, Marty Feldman, Teri Garr

Scénariste : Gene Wilder et Mel Brooks

Chef-opérateur Gerald Hirschfeld

Monteur John C Howard

Musique John Morris

Son Mono Version VOSTF

1h45

Reprise le 21 juin 2017

Synopsis : Peu fier de son ascendance, le Docteur Frederick Frankenstein accepte pourtant de retourner sur les terres de ses ancêtres. Rattrapé par la folie familiale, il décide de suivre les traces de son aïeul et de créer à son tour une créature à partir de cadavres, avec l’aide de son fidèle serviteur Igor. Malheureusement, chargé de trouver le cerveau d’une génie, ce dernier se trompe et rapporte à Frankenstein un cerveau anormal.

Visuels © Twentieth Century Fox / Splendor Films

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Gregory Marouze
Cinéphile acharné ouvert à tous les cinémas, genres, nationalités et époques. Journaliste et critique de cinéma (émission TV Ci Né Ma - L'Agence Ciné, Revus et Corrigés, Lille La Nuit.Com, ...), programmation et animation de ciné-clubs à Lille et Arras (Mes Films de Chevet, La Class' Ciné) avec l'association Plan Séquence, Animateur de débats et masterclass (Arras Film Festival, Poitiers Film Festival, divers cinémas), formateur. Membre du Syndicat Français de la Critique de Cinéma, juré du Prix du Premier Long-Métrage français et étranger des Prix de la Critique 2019, réalisateur du documentaire "Alain Corneau, du noir au bleu" (production Les Films du Cyclope, Studio Canal, Ciné +)

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