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“Eau argentée”  : la terreur et la mort en Syrie au prisme des réseaux sociaux

“Eau argentée” : la terreur et la mort en Syrie au prisme des réseaux sociaux

01 October 2014 | PAR Yaël Hirsch

Présenté avec beaucoup d’émotion en mai dernier en séance spéciale au Festival de Cannes (voir notre live-report), puisque c’était la première fois que ces deux réalisateurs étaient réunis, Eau argentée est un film qui mêle séquences de films trouvés sur internet, réflexions vidéos sur le fait d’être loin de son pays à feu et à sang par Ossama Mohammed et images arrachées au péril de sa vie par Wiam Simav Bedirxan. Un film à la fois intolérable et poétique, intime et politique et qui transforme la diffusion répétée les pires vidéos youtube de la répression d’Homs en film d’auteur sur la guerre, l’identité et l’exil. Un film très fort qui sort en salles en France le 17 décembre.

[rating=5]

Réalisateur reconnu, présent à Cannes (Un Certain regard)en 2002 déjà avec Le coffre de la vie, Ossama Mohammed est à Paris quand la capitale de la révolution syrienne Homs est reprise dans le feu et le sang par les troupes de Bachar El Assad en février 2012. Dans l’impossibilité de se rendre dans son pays alors que “des gens étaient assassinés là-bas” il se sent “en état de siège” et se penche sur les réseaux sociaux. Il y trouve une vidéo de torture d’un garçon qui devient sa “scène primitive” et décide d’utiliser le matériel que youtube lui permet de consulter avec effroi pour faire un film.

A Noël, il reçoit un message très poétique d’une jeune cinéaste qui veut faire son premier film et qui filme courageusement le quotidien de la répression, au péril de sa vie : Wiam Simav Bedirxan. Deux années plus tard, eux qui n’ont communiqué que par internet se rencontrent pour la première fois en séance spéciale à Cannes autour de leur film Eau argentée, un mélange à la fois intolérable et magnifique des images de Wiam Simav Bedirxan, de vidéos de tortures, de charges contre les manifestants, d’humiliations, de meurtres et de cadavres prises sur youtube, et de plans du ciel qui expriment les émotions de Ossama Mohammed depuis Paris.

Film poignant qui ne ménage pas son public, Eau argentée est à la fois un autoportrait de la Syrie (sous-tire du film!) et un film politique, structuré par la confrontation entre les caméras subjectives des deux cinéastes et leur utilisation si forte des images de mort si publiques trouvées sur youtube et répétées jusqu’à mettre le public au bord du malaise. Ce collage violent et impactant est un “message personnel 2.0” éminemment politique, avec en parallèle une réflexion indispensable sur le rôle que peut et doit jouer le cinéma…

Eau argentée, de Ossama Mohammed et Wiam Simav Bedirxan, SYrie, 92 min. Sortie le 17 décembre 2014.

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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