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[Critique] “Le chemin” Jeanne Labrune conte le désir, la nature et la mort

[Critique] “Le chemin” Jeanne Labrune conte le désir, la nature et la mort

03 September 2017 | PAR Olivia Leboyer

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De Jeanne Labrune, on connaissait l’humour insolite, déroutant (Si je t’aime, prends garde à toi, C’est le bouquet ! ou Sans queue ni tête, comédies bien ancrées dans notre quotidien) : avec Le Chemin, adaptation d’un roman de Michel Huriet, la réalisatrice emprunte une autre voie. Plus escarpée ? Ou, au contraire, plus évidente ? A découvrir dès le 6 septembre.

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La trame, très classique, pose la question de la rencontre, avec l’autre comme avec soi. Le chemin du titre n’est pas une simple métaphore. C’est le sentier que la jeune Camille (Agathe Bonitzer), partie au Cambodge pour entrer en religion, emprunte chaque matin pour se rendre dans un village, où elle soigne une femme mourante. Un beau jour, sur ce trajet, elle croise un bel homme (Randal Douc), qui l’alerte sur les dangers de l’itinéraire. La religieuse du couvent (Agnès Sénémaud), elle aussi, met en garde Camille. Fantômes du génocide passé ou victimes des conflits actuels, les plaies du Cambodge sont toujours vives.

Attirée par le chemin, et par le mystérieux inconnu, Sambath, Camille se soumet volontairement à une épreuve. De son côté, Sambath suit un parcours extrêmement douloureux : sa femme, qu’il aime, est atteinte d’un cancer. Pour qu’elle ait accès aux soins, il a dû vendre leur maison, et perdre tout ce qu’il possédait. Avec Camille, il n’échange d’abord que des rituels de courtoisie, puis des regards, des paroles bienveillantes, sans se confier l’un et l’autre sur leur vie. Camille ignore tout de Sambath. Entre eux, quelque chose se tisse, qui tient su désir mais aussi d’une simple ouverture à l’autre, chaleureuse et vraie. En ville, nous découvrons le calvaire de Sorya (Somany Na), la femme de Sambath, courageuse et fière, qui voudrait tant épargner à son mari sa triste dégradation.

Jeanne Labrune pose sur ses personnages un regard plein de douceur. Teint lumineux, regard droit et chevelure de feu, Agathe Bonitzer incarne parfaitement la quête de pureté et les troubles du désir. Randal Douc et Somany Na possèdent une beauté grave, presque minérale, en accord avec cette nature sauvage.

Le chemin trace une histoire simple, universelle, d’une ligne très sobre, où le désir et la mort se croisent sans s’ignorer.

Le Chemin, de Jeanne Labrune, France/Cambodge, 2017, 91 minutes, avec Agathe Bonitzer, Randal Douc, Somany Na, Agnès Sénémaud. Sortie le 6 septembre 2017.

visuels: affiche, photo et bande annonce officielles du film.

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Olivia Leboyer
Docteure en sciences-politiques, titulaire d’un DEA de littérature à la Sorbonne  et enseignante à sciences-po Paris, Olivia écrit principalement sur le cinéma et sur la gastronomie. Elle est l'auteure de "Élite et libéralisme", paru en 2012 chez CNRS éditions.

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