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[Critique] “Triple Alliance” de Nick Cassavetes: l’homme à abattre

[Critique] “Triple Alliance” de Nick Cassavetes: l’homme à abattre

15 June 2014 | PAR Olivia Leboyer

THE OTHER WOMAN

Une comédie burlesque et sympathique, qui n’hésite pas à forcer la dose. Un petit côté frères Farrelly, et une Cameron Diaz, comme toujours, épatante. Sortie le 18 juin 2014.

[rating=3]

Carly (Cameron Diaz), une belle avocate new-yorkaise abonnée aux amours passagères, croit avoir enfin trouvé le bon : Marc King est (très) beau (Nikolaj Coster-Waldau, alias Jaime Lannister dans Game of Thrones), riche et attentionné. Sur un nuage, Carly va tomber de haut en découvrant que Marc est tout ce qu’il y a de marié. Et Cameron Diaz, toujours parfaite dans le registre burlesque, tombe bel et bien, les quatre fers en l’air, devant la femme de Marc (Leslie Mann). La force comique du film tient à sa façon très enlevée de malmener les corps : ici, les corps ne sont plus désirant ou désirés, ils s’agitent dans tous les sens, gonflent, se vident, se blessent, au rythme de gags énormes, plutôt réjouissants.

Le choix des acteurs est judicieux, chacun jouant ici une partition bien connue : Cameron Diaz assume toujours avec classe et décontraction les situations les plus embarrassantes (évidemment, ce Triple Alliance n’est pas aussi hilarant que Mary à tout prix, mais à l’impossible…), Leslie Mann (femme du merveilleux Judd Appatow, et récemment extra dans 40 ans, mode d’emploi) se révèle une tornade comique exaspérante et adorable (un genre de Katherine Hepburn 2.0), tandis que la très sexy et toute mignonne Kate Upton (en maillot de bain, dans ce film comme dans la vraie vie) complète le tableau. Quant à l’Homme, ce Marc King en apparence parfait mais en réalité minable, Nikolaj Coster-Waldau l’incarne avec superbe. Crinière de lion, sourire carnassier, regard de braise… Pour abattre un tel adversaire, qui enchaîne les conquêtes sans états d’âme, les trois ex-femmes/maîtresses se liguent. Effarées par la nullité de marc, elles se réjouissent en effet de constater qu’il a au moins bon goût pour les femmes. La gracile Kate (Leslie Mann), corsetée dans sa vie de femme au foyer, ressent un véritable coup de foudre pour Carly. Elle admire son indépendance, sa force. Carly, elle, est touchée par la sincérité et l’altruisme de Kate. La jeune et jolie Amber (Kate Upton) admire les deux autres, plus âgées mais sexy, chic et intelligentes.

Pourquoi imaginer une vengeance subtile ? On ne peut pas atteindre dans ses sentiments un homme qui n’en a pas. Donc, avec pragmatisme, les trois belles entreprennent de « vider » littéralement Marc : par les boyaux et par le compte en banque. Le procédé, simple, spectaculaire, et génial, est à retenir ! L’humour scatologique, cher à Ben Stiller ou aux Farrelly, est toujours efficace. En dynamitant le mythe du Prince charmant, les trois femmes déçues retrouvent un optimisme et un allant très plaisants. Ridiculisé, dégonflé, Marc / Nikolaj Coster-Waldau ne ressemble soudain plus à rien.

Pour autant, Nick Cassavetes ne nous conseille pas de renoncer aux hommes : le film regorge d’autres spécimens, nettement plus fiables que Marc ! Ainsi, le cliché du bel homme cool et proche de la nature, qui vit seul face à l’océan (Taylor Kinney), a toujours la cote. Sans parler du séducteur vieillissant mais irrésistible (magnifique Don Johnson, qui joue ici le père de Carly), perpétuellement en quête de la « petite étincelle ». A la périphérie de l’intrigue, la secrétaire de Carly est jouée par une Nicki Minaj impressionnante !

Pleine de références et d’énergie cathartique cette petite comédie d’été, sans être mémorable, est évidemment sympathique et efficace.

Triple Alliance (The other woman), de Nick Cassavetes, USA, , avec Cameron Diaz, Leslie Mann, Kate Upton, Nikolaj Coster-Waldau, Nicki Minaj, Taylor Kinney, Don Johnson. Sortie le 18 juin 2014.

visuels: affiche, photo et bande annonce officielles du film.

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Olivia Leboyer
Docteure en sciences-politiques, titulaire d’un DEA de littérature à la Sorbonne  et enseignante à sciences-po Paris, Olivia écrit principalement sur le cinéma et sur la gastronomie. Elle est l'auteure de "Élite et libéralisme", paru en 2012 chez CNRS éditions.

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