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[Critique] « The Voices » Marjane Satrapi transforme Ryan Reynolds en sérial killer au pays de Candy

[Critique] « The Voices » Marjane Satrapi transforme Ryan Reynolds en sérial killer au pays de Candy

14 March 2015 | PAR Gilles Herail

Moins axé comédie que prévu malgré de nombreux moments croustillants, The Voices est une plongée mi burlesque mi effrayante dans la tête d’un serial-killer malgré lui, vivant dans son monde imaginaire coloré à la Disney. Ryan Reynolds est (pour une fois) parfait et son personnage de benêt aux pulsions meurtrières passionne.

[rating=3]

Synopsis officiel: Jerry vit à Milton, petite ville américaine bien tranquille où il travaille dans une usine de baignoires. Célibataire, il n’est pas solitaire pour autant dans la mesure où il s’entend très bien avec son chat, M. Moustache, et son chien, Bosco. Jerry voit régulièrement sa psy, aussi charmante que compréhensive, à qui il révèle un jour qu’il apprécie de plus en plus Fiona – la délicieuse Anglaise qui travaille à la comptabilité de l’usine. Bref, tout se passe bien dans sa vie plutôt ordinaire – du moins tant qu’il n’oublie pas de prendre ses médicaments…

Marjane Satrapi continue une carrière étonnante, lancée par un succès dont l’ampleur n’avait pas été anticipée. Un Persepolis animé qui avait fait le tour du monde, obtenu une nomination aux Oscars et enthousiasmé critiques et public. Poulet aux prunes est passé inaperçu et la réalisatrice française d’origine iranienne revient avec un nouveau projet en anglais et un acteur habitué aux blockbusters. Le choix de Ryan Reynolds n’était pas évident, l’acteur ayant enchainé des mauvais choix de films qui ont rarement permis de dévoiler ses talents d’interprétation. Sa fadeur naïve devient ici un atout car Marjane Satrapi l’emmène vers un jeu outré collant à l’univers du personnage. Qui voit le monde différemment quand il arrête de prendre ses cachets. Un monde coloré de sitcom, où les dialogues sont surjoués, les sourires forcés, comme dans les villes de banlieue trop parfaites imaginées par Tim Burton. Le personnage de Jerry est un bon garçon un peu perdu, s’inventant un duo d’ange et démon (canin et félin) pour l’aider à prendre les bonnes décisions. Se retrouvant dépasser par des situations de la vie réelle qu’il n’arrive pas à appréhender dans son logiciel de serial-killer au pays de Candy.

The Voices joue avec malice de ce décalage permanent entre les bonnes intentions de Jerry et les explosions de violence gore qu’il ne peut contrôler. L’humour est présent avec le personnage du chat/double maléfique, M. Whiskers, invitant le personnage principal à assouvir ses plus bas instincts. Avec un langage fleuri et un accent improbable. Mais le film n’est pas une franche comédie, cherchant plutôt le malaise et le rire jaune. L’interprétation au premier degré de Ryan Reynolds est ultra convaincante et les petites réserves viennent de la réalisation. Qui aurait pu aller chercher plus loin pour mettre à l’image le monde étrange de Jerry, au delà des couleurs saturées et des quelques papillons qui apparaissent à l’écran. On reste un peu sur notre faim car les transitions entre réalité et fantasme sont elles très bien pensées. Quand Jerry prend ses cachets et découvre son quotidien tel qu’il l’est vraiment : sale, crade, glauque, sanglant, et avec un frigo rempli de têtes coupées. Quelques réserves mais un bon moment de projection, avec d’excellents seconds rôles, une vraie ambiance et un personnage principal intrigant qui suffisent à notre plaisir.

Gilles Hérail

The Voices, une comédie noire de Marjane Satrapi avec Ryan Reynolds et Gemma Arterton, durée 1H49, sortie le 11/03/2015

Bande-annonce et visuels officiels.

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Gilles Herail

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