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[Critique] « The Smell of Us », la touche Larry Clark ne permet pas de solidifier un ensemble trop fragmenté

[Critique] « The Smell of Us », la touche Larry Clark ne permet pas de solidifier un ensemble trop fragmenté

12 January 2015 | PAR Hugo Saadi

A lui seul Larry Clark représente un cinéma borderline et provocateur qui a livré son lot de très bons films (Kids, Bully, Ken Park). À chaque fois, il a les jeunes marginaux dans son objectif, s’attachant à nous livrer leur quotidien ainsi que les aspects dépravés de leur vie. Avec The Smell of Us il s’intéresse à la face sombre des jeunes skateurs parisiens. Mais le réalisateur délivre un propos trop effleuré et inégal pour séduire totalement.

 [rating=3]

« On est en 2013, tous les mecs sont pédés »

Après Kids ou Wassup Rockers, Larry Clark se plonge à nouveau dans le monde du skate. Cette fois-ci, ce sont les skateurs du palais de Tokyo qui le travaillent. Une jeunesse qui semble perdue et s’alimente à base de joints, de drogues, d’alcool et de sexe. Elle s’avèrera souvent dorée et abandonnée. Cette jeunesse que Larry Clark ne lâchera plus une seule seconde c’est Math, Marie, Pacman, JP, Toff ou Guillaume. Leur fric, ils le dépensent pour se shooter et dans les fringues. Mais les liasses de billets de 100€ ne proviennent pas de papa et maman. Le trafic de drogue et la prostitution sont leurs distributeurs d’argent numéro un. Escort boy, prostitué, plan cam, tout y passe et Larry Clark n’en perd pas une goutte. S’appuyant sur le personnage de Toff, gamin ultra-connecté qui ne quitte pas une seconde sa caméra, le spectateur est aux premières loges de chaque ébats : homosexuels, hétérosexuels, jeunes, vieux … Le malaise nous saisit plus d’une fois face à ces séquences, non loin d’être surprenant de la part du réalisateur sulfureux.

« Je suis gay que pour le cash »

The Smell of Us est au final assez fragmenté. Une succession de scènettes assez répétitives : un client ou une cliente donne lieu à une séquence sexuelle. Mis à part les intermèdes où le skate est omniprésent, un message alarmant se dessine très légèrement. Il atteindra son paroxysme dans le dernier quart d’heure, notamment lors d’un dialogue assez intense entre Math (Lucas Ionesco) et sa mère (Dominique Frot). La réalisation assez foutraque par moments, alternant caméra et iphone, se saisit des corps et en annihile toute la beauté qui peut en découler, pour un rendu cru et sans tabou. Le sexe ici n’est pas beau, il est payé et très souvent subi. Les états d’âmes des jeunes sont exposés au fil du métrage, mais les passages à vide et l’ennui sont prédominants. Les problèmes des uns, la solitude des autres sont mises en avant par Larry Clark sans pour autant réussir à la clarifier. Cette fragmentation vient perturber la vision, malgré les bonnes performances des jeunes acteurs avec notamment Lucas Ionesco, Diane Rouxel et Hugo Behar-Thinières. Enfin, le film se clôturera sur les paroles de Bob Dylan « May you stay forever young », un clin d’œil amusant de la part du réalisateur de 71 ans qui restera fasciné par cette-fois jeunesse.

The Smell of Us, un film de Larry Clark, avec Lucas Ionesco, Diane Rouxel, Théo Colbi. 1H28. Sortie le 14 janvier 2015.

Visuels © Jour2Fête

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Hugo Saadi

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