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[Critique] « Pension complète » : Franck Dubosc et Gérard Lanvin dans un film anachronique

[Critique] « Pension complète » : Franck Dubosc et Gérard Lanvin dans un film anachronique

01 January 2016 | PAR Gilles Herail

Après Un moment d’égarement, Pension Complète s’inscrit dans l’inquiétante mode de remakes de vieilles comédies françaises mettant à l’affiche deux stars et un bon réalisateur s’excusant d’être là. Adaptée de La Cuisine au beurre avec Fernandel et Bourvil, Pension Complète repose sur une structure scénaristique et des valeurs d’un autre âge malgré les efforts de ses deux acteurs principaux. A oublier.

[rating=1]

Extrait du synopsis officiel : François et Charlotte dirigent ensemble un hôtel-restaurant gastronomique au bord de la mer mais leur relation conjugale n’est pas au beau fixe : obsessionnel acharné, François veut sa première Étoile au Guide Michelin tandis que Charlotte, à l’aube de la quarantaine, ne rêve que d’un premier enfant. Cette situation, déjà compliquée, va littéralement exploser le jour où le premier mari de Charlotte, Alex, débarque dans leur vie alors que tout le monde le croyait mort dans le terrible tsunami de 2004…

Pension Complète a été à peine promu, s’est dérobé devant la presse et n’a pu être critiqué par aucun média. C’est ce que l’on appelle une stratégie de l’abandon d’un distributeur qui semblait souhaiter se débarrasser d’un produit bâtard tout en limitant la casse avec une sortie pendant les fêtes. Sur plus de 360 salles toute de même pour attirer sur un malentendu les refoulés des séances complètes de Star Wars. Les spectateurs ont senti l’arnaque et le premier jour du film au box-office français n’est pas loin d’être catastrophique (26.000 entrées malgré le duo Dubosc/Lanvin et un budget que l’on peut légitimement estimer comme cossu).  Pension Complète nous rappelle un autre film sorti plus tôt cette année, Un moment d’égarement, et qui reposait sur une même formule à côté de la plaque. Refaire en 2015 une vieille comédie en embauchant deux acteurs connus et en réservant aux femmes des rôles de potiche. Avec aux manettes un bon réalisateur de film de genre fatigué de devoir se battre pour pouvoir faire financer ses films et qui décide de cachetonner sans conviction.

Florent Emilio Siri avait mis en scène, L’ennemi Intime, un magnifique film de guerre revenant sur le conflit algérien. Et on est désolé de le retrouver dans cette comédie très laborieuse où on ne retrouve des idées de mise en scène que dans le générique de début. Le scénario est plus que passéiste, revisitant des grosses ficelles de vaudeville où deux machos se battent pour une donzelle sans lui demander son avis. Le décor choisi ne fait que reposer sur la mode actuelle des films de cuisine qui pullulent chaque semaine sur les écrans. Les rebondissements sont téléphonés et les ruptures de ton entre comédie et “émotion” s’enchainent avec une grande maladresse. Pension Complète est moins irritant qu Un moment d’égarement mais tout aussi raté avec son absence de rythme, sa morale lourdingue et ses ressorts d’un autre temps. Pascale Arbillot, qui fait partie de nos grandes actrices comiques, se voit reléguer à un rôle de potiche. Et il ne faudra compter que sur les apparitions surréalistes d’Audrey Dana et deux/trois pitreries Dubosc et Lanvin pour passer le temps. A éviter.

Gilles Hérail

Pension complète, une comédie de Florent Siri avec Franck Dubosc et Gérard Lanvin, durée 1h25, sortie le 30 décembre 2015,

Visuels : ©  affiche et bande-annonce officielles du film

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Gilles Herail

3 thoughts on “[Critique] « Pension complète » : Franck Dubosc et Gérard Lanvin dans un film anachronique”

Commentaire(s)

  • jacquemont

    Je suis allee voir ce film ce samedi et je l’ai trouve plutot pas mal et je le conseillerai a mon entourage.je lui souhaite un grand succes.

    January 3, 2016 at 15 h 12 min
  • solene

    Une nullité totale. Si Lanvin essaie d’être potable (et il l’est, malgré l’indigence du film ), Dubosc ne lui parvient pas à la cheville : c’est un mauvais acteur, sûr de lui comme peuvent l’être les gens imbus d’eux mêmes, et son visage crispé laisse entrevoir qu’il est plutôt un Thénardier qu’un Jean Valjean. Tout cela est bien misérable.

    January 9, 2016 at 15 h 33 min

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