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[Critique] « No land’s song » documentaire de résistance bouillonnant d’Ayat Najafi

[Critique] « No land’s song » documentaire de résistance bouillonnant d’Ayat Najafi

19 March 2016 | PAR Gilles Herail

Ayat Najafi réalise un documentaire bouillonnant sur une forme de résistance insoupçonnée face au conservatisme religieux. No land’s song retrace l’histoire d’un concert qui brise un tabou absurde interdisant aux femmes de se produire en solo en Iran. Un projet musical associant des artistes étrangers comme Jeanne Cherhal et Emel Mathlouthi, qui rappelle le rôle subversif et politique des acteurs culturels. Du très bon cinéma. Notre critique.

[rating=4]

Extrait du synopsis officiel : En Iran, depuis la révolution de 1979, les femmes n’ont plus le droit de chanter en public en tant que solistes. Une jeune compositrice, Sara Najafi, avec l’aide de trois artistes venues de France (Elise Caron, Jeanne Cherhal et Emel Mathlouthi), va braver censure et tabous pour tenter d’organiser un concert de chanteuses solo.

La société iranienne continue d’inspirer le cinéma d’auteur contemporain après les témoignages de Marjane Satrapi (Persépolis), Kheiron (Nous trois ou rien), Jafar Panahi (Taxi Téhéran) ou encore Ida Panahandeh (Nahid). No land’s song retrace un projet pas comme les autres, qui rappelle que la résistance face au conservatisme peut s’exprimer sous des formes insoupçonnées. Des mouvements de désobéissance où la culture a toute sa place, pour faire bouger les lignes et briser des tabous. L’interdit dogmatique absurde que dénonce la réalisatrice Ayat Najafi illustre une vision de la femme archaïque, réduite à un rôle de tentatrice sexuelle. Car l’impossibilité pour les chanteuses de se produire en solo en Iran vient du présupposé que la “douceur” de la voix féminine pourrait enivrer dangereusement les hommes et les faire sortir de leur “état normal”. Une justification surréaliste défendue avec vigueur par les responsables religieux interviewés qui souhaitent protéger le statut quo.

Ayat Najafi signe un documentaire plein d’espoir, qui dévoile les hauts et les bas de l‘organisation d’un concert féministe, associant des chanteuses françaises (Jeanne Cherhal et Elise Caron) et une égérie de la révolution tunisienne de Jasmin (Emel Mathlouthi). Un projet symbolique qui fera l’objet d’un bras-de-fer de plusieurs mois avec avec le ministère de la culture iranien. Une petite victoire, peut-être insignifiante, qui démontre pourtant à son échelle la possibilité de questionner la rigidité de la tradition religieuse. No land’s song capte à merveille l’effervescence de la création artistique inter-culturelle, le bouillonnement et l’énergie de cet acte de résistance musicale. Ayat Najavi rend également un vibrant hommage aux grandes chanteuses iraniennes, femmes de style et de caractère dont le destin a marqué l’imaginaire collectif local. Un film passionné et militant, à voir absolument.

Gilles Hérail

No land’s song, un documentaire iranien d’Ayat Najafi, durée 1h35, sortie le 16/03/2016

Visuels : ©  affiche et bande-annonce officielles du film

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Gilles Herail

One thought on “[Critique] « No land’s song » documentaire de résistance bouillonnant d’Ayat Najafi”

Commentaire(s)

  • Laugero

    Instructif et émouvant un affront à tous les obscurantismes.

    March 21, 2016 at 9 h 33 min

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