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[Critique] « Les malheurs de Sophie » Christophe Honoré adapte la Comtesse de Ségur

[Critique] « Les malheurs de Sophie » Christophe Honoré adapte la Comtesse de Ségur

24 April 2016 | PAR Gilles Herail

Le nouveau film de Christophe Honoré remporte son pari de proposer une adaptation moderne, enlevée, pleine d’énergie de la Comtesse de Ségur. Les malheurs de Sophie capte le sentiment de liberté et de toute puissance de l’enfance, sans tomber dans la mièvrerie et en revendiquant une véritable noirceur. Notre critique.

[rating=3]

Extrait du synopsis officiel : Depuis son château, la petite Sophie ne peut résister à la tentation de l’interdit et ce qu’elle aime par dessus tout, c’est faire des bêtises avec son cousin Paul. Lorsque ses parents décident de rejoindre l’Amérique, Sophie est enchantée. Un an plus tard, elle est de retour en France avec son horrible belle-mère, Madame Fichini. Mais Sophie va pouvoir compter sur l’aide de ses deux amies, les petites filles modèles, et de leur mère, Madame de Fleurville pour se sauver des griffes de cette femme.

Christophe Honoré travaille depuis ses débuts sur des thématiques récurrentes, sans pour autant s’enfermer dans un genre cinématographique de prédilection. Après une romance gay fauchée (et ratée), Homme au bainun film musical (Les bien-aimés) et un conte mythologique très réussi (Les Métamorphoses), le cinéaste est de retour avec une adaptation de la Comtesse de Ségur. L’idée pouvait paraitre saugrenue mais le réalisateur réussit à insuffler beaucoup de modernité sans transposer l’histoire dans le présent. Les malheurs de Sophie se scinde en deux parties, séparées par un évènement tragique. Le temps de l’enfance insouciante, des bêtises, des tentatives, des essais, de la curiosité. Suivi de l’âge de raison, du deuil, du cynisme, du serrage de dents face à l’intraitable marâtre.

La jeune actrice principale s’en sort plutôt pas mal et dégage ce qu’il faut d’insolence, de liberté et d’énergie à son personnage, entourée d’un excellent casting féminin. Golshifteh Farahani incarne magnifiquement la mère aimante, Anais Demoustier est plus sereinement charismatique que jamais et Muriel Robin étonne en Thénardier peau-de-vache. Christophe Honoré revendique une forme de noirceur qui donne au film une profondeur inattendue. En suivant les méfaits d’une jeune fille qui peut se révéler cruelle, à force de tester les limites de la morale et des convenances. Et en la confrontant à des difficultés personnelles qui vont l’amener à s’endurcir et à développer des mécanismes d’auto-défense.

La mise-en-scène est toujours en mouvement, pour suivre la naissance permanente d’idées nouvelles chez son héroïne. Le montage imagine astucieusement l’incrustation de personnages animaliers animés pour gérer la question de la violence. Et la musique d’Alex Beaupain apporte ce qu’il faut de décalage et de modernité pour finaliser le dépoussiérage du roman d’origine. Christophe Honoré remporte son pari haut la main, sans pour autant égaler l’audace et la liberté des géniales Métamorphoses. Une adaptation réussie, qui aura malgré tout du mal à trouver son public, en raison d’un positionnement trop instable entre film pour enfants et long-métrage adulte.

Gilles Hérail

Les malheurs de Sophie, une comédie dramatique de Christophe Honoré avec Anaïs Demoustier, Golshifteh Farahani et Muriel Robin la jungle, durée 1h46, sortie le 20/04/2016 

Visuels : ©  affiche et bande-annonce officielles du film

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