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[Critique] « Le dernier loup » Jean-Jacques Annaud filme une épopée humaine et animale dans les steppes mongoles

[Critique] « Le dernier loup » Jean-Jacques Annaud filme une épopée humaine et animale dans les steppes mongoles

28 February 2015 | PAR Gilles Herail

Le rythme est en dents-de-scie mais cette épopée humaine et animale se déroulant dans les incroyables décors de la Mongolie intérieure séduit par son élégance tranquille. Pas le meilleur Annaud, pas assez de loups, mais quelques scènes parmi les plus impressionnantes de l’année.

[rating=3]

Synopsis officiel: 1969. Chen Zhen, un jeune étudiant originaire de Pékin, est envoyé en Mongolie-Intérieure afin d’éduquer une tribu de bergers nomades. Mais c’est véritablement Chen qui a beaucoup à apprendre – sur la vie dans cette contrée infinie, hostile et vertigineuse, sur la notion de communauté, de liberté et de responsabilité, et sur la créature la plus crainte et vénérée des steppes – le loup. Séduit par le lien complexe et quasi mystique entre ces créatures sacrées et les bergers, il capture un louveteau afin de l’apprivoiser. Mais la relation naissante entre l’homme et l’animal – ainsi que le mode de vie traditionnel de la tribu, et l’avenir de la terre elle-même – est menacée lorsqu’un représentant régional de l’autorité centrale décide par tous les moyens d’éliminer les loups de cette région.

Jean-Jacques Annaud fait partie de ces grands réalisateurs à l’ancienne. Capables de passer plusieurs années sur un projet pour relever des défis techniques incensés. Avec une vision très respectueuse du spectateur et une passion de l’artisanat cinématographique. Sa Majesté Minor, un des films les plus improbables de ces dernières années, avait été un échec cinglant. Le réalisateur est alors passé par l’étranger pour renaître. Avec un Lawrence d’Arabie Qatari, Or Noir. Et maintenant une coproduction majoritaire chinoise, adaptée d’un best-seller local. Le dernier loup pourrait faire penser à Deux Frères mais nous conte en réalité une histoire bien différente. Celle d’un village de Mongolie intérieure, vivant en équilibre avec son environnement et ses croyances, confronté aux changements de l’ère Mao. Jean-Jacques Annaud a pu bénéficier d’une certaine liberté et traite son sujet, y compris dans son aspect critique. L’épopée reste malgré tout familiale et les enjeux sont simplement évoqués sans entrer dans le dur. Plus proche d’Avatar que de l’Ours dans sa thématique, Le dernier loup s’inscrit dans un classicisme formel devenu rare. Un cinéma très pur qui utilise à merveille les paysages mongols et leurs couleurs uniques. Tout en adoptant un regard quasi anthropologique sur les coutumes de la communauté locale. Le rythme est souvent lent, les dialogues nombreux, parfois trop signifiants, reléguant les loups au second plan.

Mais ce sont pourtant eux qui crèvent l’écran. Car Annaud comprend et filme mieux que personne le règne animal. En en comprenant les mécanismes, les ressorts, les dynamiques. Le film contient deux fantastiques scènes perçues du point de vue des loups. Où leur intelligence collective et leur sens du sacrifice au nom de la survie du groupe sont magnifiquement illustrés. La caméra suit la meute à travers la steppe, encerclant méthodiquement ses proies pour les emmener vers son piège: un lac gelé qui sera leur tombeau. Comme dans L’Ours, Annaud réussit à capter des émotions incroyables chez ses animaux, dans le regard, le mouvement, l’interaction avec leurs congénères et l’homme. Le réalisateur parle aussi avec justesse de la rupture d’un équilibre. De cette étrange relation entre les mongols et des loups qu’ils considèrent comme des créatures sacrées. Tout en connaissant leur dangerosité. Les moments de violence du film sont ainsi étonnamment beaux. Quand les louveteaux sont tués selon un rituel particulier ou quand les loups attaquent les moutons . L’intrigue principale très axée cinéma écolo des familles avec l’étudiant chinois et son petit louveteau apparaît alors plus mièvre. Annaud ne réalise pas ici son plus grand film, mais certaines scènes rappellent le très grand cinéaste qu’il est.

Gilles Hérail

Le dernier loup (Wolf Totem), un film d’aventures franco-chinois de Jean-Jacques Annaud, durée 1H55, sortie le 25 février 2015

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Gilles Herail

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