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[Critique] « Le Crocodile du Botswanga »,Thomas Ngijol et Fabrice Eboué un ton en dessous de « Case Départ »

[Critique] « Le Crocodile du Botswanga »,Thomas Ngijol et Fabrice Eboué un ton en dessous de « Case Départ »

20 February 2014 | PAR Gilles Herail

Moins percutant et tout simplement moins drôle, Le crocodile ne renouvelle pas l’exploit de Case Départ. Le duo Ngijol Eboué reste malgré tout l’une des meilleures nouvelles de la comédie française contemporaine et se rattrapera surement avec le prochain que l’on attendra avec impatience.

[rating=2]

Synopsis officiel: Leslie Konda, jeune footballeur français talentueux, repéré à son adolescence par Didier, un agent de faible envergure qui a su le prendre sous sa coupe, vient de signer son premier contrat d’attaquant dans un grand club espagnol. Dans le même temps, sa notoriété grandissante et ses origines du Botswanga, petit état pauvre d’Afrique centrale, lui valent une invitation par le Président de la République en personne : Bobo Babimbi, un passionné de football, fraîchement installé au pouvoir après un coup d’état militaire. Leslie se rend donc pour la première fois dans le pays de ses ancêtres accompagné par Didier pour être décoré par le Président Bobo qui s’avère rapidement, malgré ses grands discours humanistes, être un dictateur mégalomane et paranoïaque sous l’influence néfaste de son épouse.  

On avait beaucoup aimé Case Départ. Une comédie moderne qui s’éloignait du communautaire bon enfant façon Djamel Bensalah pour faire du politiquement très incorrect. En cassant des tabous de bon goût et de respect mémoriel et en s’amusant de choquer le spectateur bien embêté de passer un excellent moment devant une comédie sur fond d’esclavage. Les deux compères se retrouvent deux ans plus tard pour donner leur vision de l’Afrique contemporaine avec le foot pour toile de fond. Le Crocodile avait tout pour nous ravir. Le thème de l’Afrique et du foot que Benoît mariage avait su utiliser dans l’excellent Les rayures du zèbre. Une troupe de comédiens issus du premier film et des ajouts judicieux (Claudia Tagbo). On s’étonne donc de ne rire que par intermittence. Avec un film qui pêche par un manque de constance sur la forme (hésitant à aller chercher du côté de Le Dictateur de Sacha Baron Cohen avec les fausses vidéos et le mélange fiction/documentaire) et sur son scénario qui ne sait comment utiliser le personnage d’Eboué et le jeune héros qui n’a pas grand chose à défendre. Et un comique qui est bizarrement plus efficace en utilisant les ressorts classiques de la comédie française populaire et des touches de graveleux bien senties.

Et pourtant, si l’on regrette le manque de rythme et de maîtrise de l’ensemble, Le Crocodile regorge de bonnes idées. En vrac, une incroyable personnage de fausse sainte-nitouche, grenouille de bénitier et vraie nymphomane (restez pendant le générique pour voir une scène magique). Une marocaine qui se prend pour une brésilienne. La performance incroyable de Ngijol en dictateur africain non pas sanguinaire mais jouissant du plaisir enfantin de la toute puissance. Un VRP de Total toujours nostalgique de l’Algérie française. Des références assez risquées en ces temps d’affaire Dieudonné sur les juifs, le nazisme, le colonialisme. Le Crocodile lorgne clairement du coté des OSS version Hazanavicius et notamment Rio ne répond plus qui allait assez loin aussi dans le politiquement incorrect. Mais soignait plus sa forme et sa trame narrative en rendant hommage au film d’espionnage. Le Crocodile ne donne peut être pas  le meilleur du talent des deux compères mais reste d’un bon niveau, osant s’aventurer sur des terrains compliqués, cherchant à fusionner une certaine tradition de la comédie française burlesque à une tradition plus contemporaine du stand-up politique s’amusant des différences communautaires. Après Les 3 frères le retour et leur percée en banlieue, on apprécie ce cinéma plus ancré dans la réalité, les questions d’identité et  les enjeux actuels de la société française. En attendant Supercondriaque qui devrait (on l’imagine) moins s’essayer à ce refus de la facilité et cette recherche permanente d’une réaction mi hilare -mi gênée du spectateur…

Gilles Hérail

Le Crocodile du Botswanga, une comédie de et avec Thomas Ngijol et Fabrice Eboué, durée 1h30, sortie le 19 février 2014

@Visuels et bande-annonce officiels du film.
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Gilles Herail

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