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[Critique] Avec Keeper, Guillaume Senez signe un premier film prégnant

[Critique] Avec Keeper, Guillaume Senez signe un premier film prégnant

22 March 2016 | PAR Aurélie David

Avec ses huit récompenses, dont le Label Europa Cinemas du Festival international du film de Locarno, le prix du Jury au Festival international du film de Marrakech et le Grand prix du Jury au Festival Premiers Plans d’Angers, Keeper est sans doute la révélation 2015 au sein des festivals de cinéma. Derrière la caméra, Guillaume Senez filme l’histoire de Maxime et Mélanie, amoureux et futurs parents du haut de leurs 15 ans, des personnages attachants et une trame bouleversante. 

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Extrait du synopsis officiel : Maxime et Mélanie s’aiment. Ensemble, ils explorent leur sexualité avec amour et maladresse. Un jour, Mélanie découvre qu’elle est enceinte. Maxime accepte mal la nouvelle, mais peu à peu se conforte dans l’idée de devenir père. C’est maintenant décidé : du haut de leurs quinze ans, Maxime et Mélanie vont devenir parents…

Après ses trois courts-métrages La Quadrature du cercle (2006), Dans nos veines (2009) et U.H.T (2012), Guillaume Senez, franco-belge de 37 ans, revient à la réalisation avec son premier long-métrage : Keeper. Expérimenter l’amour et le sexe avec la maladresse adolescente, faire des choix et les assumer jusqu’au bout, mettre entre parenthèses ses rêves de gosses… ce sont toutes ces thématiques fortes et douloureuses qui font sens à travers ce film. Deux ados de 15 ans qui tombent amoureux, une grossesse imprévue, un choix à faire, celui de devenir de très jeunes parents : c’est ce qui arrivent à Maxime (Kacey Mottet Klein) et Mélanie (Galatea Bellugi). Mais pour raconter cette histoire, déjà racontée par tant d’autres (Juno de Jason Reitman ou Dix-sept filles de Delphine et Muriel Coulin), Guillaume Senez, lui, a choisi de prendre le contre-pied à travers un regard masculin et c’est sans aucun doute ce qui donne toute son essence au film. C’est dans la peau d’un battant qu’apparaît Maxime. Il se bat face à ses tourments d’adolescents, se bat pour devenir un gardien de but professionnel, se bat pour que Mélanie accepte sa grossesse et se bat pour prouver qu’il sera un bon père ! Ce personnage, auquel on s’attache, non dès les premières minutes mais plutôt vers les dernières, tranche avec celui de Mélanie, jeune fille amoureuse, insouciante, en conflit avec sa mère qui ne veut pas qu’elle reproduise le même chemin qu’elle, et surtout paumée face aux nouvelles responsabilités qui l’attendent. A travers cette histoire, Guillaume Senez réussit son pari de filmer l’adolescence avec sincérité et émotion dans ce qu’elle a de plus beau, de plus délicat, de plus léger, mais aussi de plus abscons. Kacey Mottet Klein, remarqué enfant dans Home d’Ursula Meier avec Isabelle Huppert, et Galatea Bellugi, vu dans A 14 ans d’Hélène Zimmer, incarnent sans artifices cette jeunesse aux multiples visages. A souligner également la brillante interprétation de l’actrice Laeticia Dosch (vu dans La Bataille de Solférino de Justine Triet, Mon roi de Maïwenn, et prochainement dans Les Malheurs de Sophie de Christophe Honoré) dans le rôle d’une jeune mère anéantie, frôlant l’hystérie dans certaines scènes, à l’idée de voir sa propre fille refaire les mêmes erreurs qu’elle. Keeper signe la promesse d’un bel avenir cinématographique pour son réalisateur Guillaume Senez.

Keeper de Guillaume Senez avec Kacey Mottet Klein, Galatéa Bellugi, Catherine Salée… Drame franco-belge. Durée 1 h 31. Sortie le 23 mars 2016. 

Visuels : ©Affiche et vidéo officielles du film.

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