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[Critique] « Joy » : le duo David O Russell / Jennifer Lawrence montre ses limites

[Critique] « Joy » : le duo David O Russell / Jennifer Lawrence montre ses limites

01 January 2016 | PAR Gilles Herail

Le nouveau film de David O. Russell marque la fin d’une bonne série entamée avec Happiness Therapy et American Bluff. On retrouve bien le casting d’habitués, l’humour et les personnages secondaires attachants du cinéaste mais son conte de noël féministe nourri à l’American Dream manque de profondeur et surtout d’alchimie. Agréable sans plus.

[rating=2]

Extrait du synopsis officiel : Inspiré d’une histoire vraie, JOY décrit le fascinant et émouvant parcours, sur 40 ans, d’une femme farouchement déterminée à réussir, en dépit de son excentrique et dysfonctionnelle famille, et à fonder un empire d’un milliard de dollars. Au-delà de la femme d’exception, Joy incarne le rêve américain dans cette comédie dramatique, mêlant portrait de famille, trahisons, déraison et sentiments.

David O.Russell a obtenu la reconnaissance du public et de la critique en constituant une nouvelle famille de cinéma qui l’a porté plusieurs fois vers les Oscars. Une troupe de comédiens composée notamment de Jennifer Lawrence, Bradley Cooper et Robert De Niro que l’on a pris l’habitude de retrouver avec un plaisir. L’histoire d’amour improbable de deux éclopés inadaptés socialement d’Happiness Therapy dégageait une vraie tendresse. American Bluff  impressionnait par sa maitrise, nous embarquant avec jubilation dans une brillante comédie d’arnaque. Joy marque la fin de cette belle série avec un ton plus hésitant et une mise-en-scène moins enthousiasmante.  Il y avait pourtant dans le parcours de cette self-made-woman de nombreux éléments prometteurs. Une ode à l’American Dream bien sûr, à travers le destin d’une travailleuse acharnée qui deviendra milliardaire. Un hommage aux entrepreneurs et aux créateurs qui se battent pour que leurs projets prennent vie. Et une figure féministe, luttant pour se faire sa place dans un monde d’hommes.

Plusieurs de ces thématiques étaient présentes en creux dans les précédents films du cinéaste et apparaissent ici trop soulignées. Car Joy prend la forme d’un conte de Noël plutôt que de l’odyssée héroïque que l’on espérait. Jennifer Lawrence y croit dur comme fer mais le souffle mythique manque à l’appel. Le récit émancipateur joue uniquement sur les symboles et le passionnant parcours d’une inventeuse hors-normes n’est traité qu’en surface.  Joy reste un agréable divertissement car David O.Russell sait créer un doux cocon où le spectateur se sent bien. Filmant avec gourmandise l’énergie familiale d’une maison de fous où se côtoient des caractères, des générations et des origines différentes. Le mélange de comédie et de doux-amer fonctionne mais le scénario pêche sur l’évolution hésitante de son personnage principal. Qui passe peut être trop rapidement de la mère courage à la businesswoman accomplie, sans que l’on y croit totalement. Du cinéma de divertissement toujours efficace mais qui commence à ronronner.

Gilles Hérail

Joy, une comédie dramatique américaine de David O. Russell avec Jennifer Lawrence, durée 2h03, sortie le 30 décembre 2015,

Visuels : ©  affiche et bande-annonce officielles du film

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Gilles Herail

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