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[CRITIQUE] « Jack et la mécanique du cœur » Conte musical, romantique et animé passionnément Dionysien

[CRITIQUE] « Jack et la mécanique du cœur » Conte musical, romantique et animé passionnément Dionysien

08 February 2014 | PAR Gilles Herail

Ni enfantin ni vraiment adulte, ce conte musical noir et romantique de Mathias Malzieu aura du mal à trouver son public. La richesse de l’animation et une créativité de tous les instants nous font croire à cette belle histoire d’amour impossible rendue crédible par la cohérence incroyable de son univers visuel et musical.

[rating=4]

Synopsis officiel: Édimbourg 1874. Jack naît le jour le plus froid du monde et son cœur en reste gelé. Le Docteur Madeleine le sauve en remplaçant son cœur défectueux par une horloge mécanique. Il survivra avec ce bricolage magique à condition de respecter 3 lois: premièrement ne pas toucher à ses aiguilles, deuxièmement maîtriser sa colère et surtout ne jamais Ô grand jamais, tomber amoureux. Sa rencontre avec Miss Acacia, une petite chanteuse de rue, va précipiter la cadence de ses aiguilles. Prêt à tout pour la retrouver, Jack se lance tel un Don Quichotte dans une quête amoureuse qui le mènera des lochs écossais, à Paris jusqu’aux portes de l’Andalousie.

L’animation française a toujours été d’une richesse unique. Permettant de découvrir des Ernest et Céestine (nommé à l’Oscar du meilleur film d’animation), les Triplettes de Belleville et autres Persepolis. Jack et la mécanique se rapproche de l’ambiance et du style du récent Magasin des suicides de Patrice Leconte. Avec le même problème de positionnement commercial, peu attirant pour les adultes et trop noir pour les enfants. Avec le même esprit de comédie musicale et de conte moral dont le propos rappelle ici la récente Reine des neiges de Disney. La mécanique du cœur est pourtant bien plus réussi et marrie parfaitement la musique à l’univers visuel. On pense à Jeunet, la nostalgie en moins. A Gondry bien sur pour l’amour du détail et des mécanismes. Au Hugo Cabret de Scorsese qui partageait la fascination pour le thème de l’horloge et la présence malicieuse de Mélies.  C’est peut être le principal reproche que l’on pourra adresser à cette production trop ambitieuse qui ne cède jamais au conformisme.

Un mélange trop riche et une technique virevoltante impressionnante et  qui n’arrête jamais de créer, de chercher la bonne idée, de varier les styles et de surprendre constamment. Quitte à faire perdre l’émotion qui se cherche parfois sur des visages animés un brin figés. On croit pourtant toujours à cette histoire d’amour pure et puissante. Ce cœur mécanique maudit, épée de Damoclès qui emmure un enfant élevé dans la peur et la frustration mais qui va apprendre à vivre et à risquer l’amour. La bande-son est un régal et ne vient jamais s’imposer à l’histoire. Car Jack et la mécanique n’est pas dissociable de sa musique qui est le ciment du scénario. On avait peur du syndrome clipesque mais la symbiose parfaite entre l’image et le son nous emporte. Projet fou et commercialement invendable, soutenu par Besson qui rappelle qu’il est avant tout un amoureux de cinéma, Jack et la mécanique du coeur est une proposition de cinéma unique.

Gilles Hérail

Jack et la mécanique du coeur, un conte d’animation de Mathias Malzieu avec les voix d’Olivia Ruiz et Jean Rochefort, durée 1h34, sortie le 5 février 2014

visuels : affiche et photo officielle du film.
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Gilles Herail

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