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[Critique] Frantz, un Ozon truffé de germanophilie

[Critique] Frantz, un Ozon truffé de germanophilie

05 September 2016 | PAR Yaël Hirsch

Alors que François Ozon présentait son nouveau film, Frantz, film en compétition à Venise, ce week-end (voir notre dossier), il était de passage à Paris, jeudi 1er septembre pour en parler devant un petit comité de journalistes et bloggers de ce mélodrame assumé en noir et blanc. Aux côtés de ses deux jeunes et beaux acteurs, Pierre Niney et Paula Beer, il a laissé échapper cet aveu : “je suis germanophile”. Celui qui a repris le scénario de Goutte d’eau sur pierre brûlante à Fassbinder aime l’autre côté du Rhin, mais aujourd’hui, il a laissé l’ambiguïté des années 1970 pour adopter la sublimation romantique et l’esthétique de Caspar David Friedrich. 

[rating=3]

1919, dans une petite ville d’Allemagne de l’est, deux parents et sa jeune veuve Anna,  (Paula Beer) pleurent un jeune homme sensible tombé au front : Frantz. Les journées se suivent, en noir et blanc, à peine rythmées par les visites sur la tombe vide qui commémore le héros. LC’est alors qu’apparaît Adrien (Pierre Niney), un Français qui va mystérieusement se recueillir sur la tombe du soldat allemand. Les réactions oscillent entre patriotisme outré et espoir que le visiteur fasse un peu revivre celui dont on ne se remet pas.

Un brin de thriller et beaucoup de mélodrame très assumé scandent ce film d’aspect plus que classique, au thème assez exploité  des difficultés de la fraternité franco-allemande. Dans Frantz, même les diverses nuances de couleurs (noir et blanc du deuil contre vivacité de la vie) semblent avoir déjà été érodées par le temps et l’Histoire du cinéma (Un long dimanche de fiançailles, Le ruban blanc, La vie et rien d’autre…). Un film un peu trop académique donc, à l’érotisme subtilement ancré dans l’absence et aux références très appuyées à Truffaut (le triangle franco-allemand de Jules et Jim, autant que l’embrassement éros et thanatos dans les trachées de La Chambre verte). L’image quant à elle est  froide et hitchcockienne, sublime et elle aussi un brin démodée dans ses effets. Un effet vintage, donc, avec un coup de poing de modernité : comme souvent dans ses films, Ozon révèle une beauté et une actrice moderne avec Paula Beer qui est une véritable apparition. Un brin Romy Schneider mais sur un mode vraiment moderne, elle irradie la pellicule face à un Pierre Niney qui répond avec une extrême ingéniosité à cette aura nouvelle.

Frantz, de François Ozon, avec Paula Beer, Pierre Niney, France-Allemagne, 2016, mars films, sortie le 7 septembre 2016.

visuels : photo officielle et rencontre (c) YH

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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