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[Critique] du film « The Florida Project » Une enfance résiliente qui rayonne, malgré le gris de son environnement

[Critique] du film « The Florida Project » Une enfance résiliente qui rayonne, malgré le gris de son environnement

10 January 2018 | PAR Gilles Herail

Sean Baker (Tangerine) signe une comédie dramatique profondément attachante, à mi chemin entre la fantaisie ludique de Moonrise Kingdom et le réalisme social de Polisse. The Florida Project nous raconte une enfance résiliente, qui rayonne malgré le gris de son environnement. Du cinéma social qui ne tombe ni dans le misérabilisme, ni dans le fantasme. Notre critique.

[rating=4]

Synopsis officiel: Moonee a 6 ans et un sacré caractère.Lâchée en toute liberté dans un motel de la banlieue de Disney world, elle y fait les 400 coups avec sa petite bande de gamins insolents. Ses incartades ne semblent  pas trop inquiéter Halley, sa très jeune mère.  En situation précaire comme tous les habitants du motel, celle-ci est en effet trop concentrée sur des plans plus ou moins honnêtes pour assurer leur quotidien…

the-florida-projectSean Baker avait connu un joli succès critique à la sortie de son précédent film, Tangerine, qui dressait déjà le portrait de personnages dits “marginaux”. The Florida Project confirme cet essai prometteur, en changeant d’environnement et de point de vue. Posant sa caméra dans l’ambiance contradictoire de ce motel crasseux mais rose, d’apparence perdu dans sa banlieue paumée mais en réalité situé non loin du parc d’attractions de Disney World. Un terrain de jeux infini pour les enfants du coin, livrés à eux-mêmes et faisant les 400 coups alors que leurs parents tentent de se débrouiller comme ils le peuvent pour payer le loyer.

The Florida Project est filmé à hauteur d’enfants, suivant les jeux et les bêtises d’une petite troupe de gamins qui déambulent dans ce décor improbable, géré par une figure aussi ferme que douce incarnée par Willem Dafoe (que l’on verrait bien remporter une statuette pour son magnifique second rôle). Sean Baker donne vie à un scénario qui privilégie la chronique aux rebondissements, exploite chacune de ces scènes de vie quotidienne pouvant basculer en une fraction de seconde de la comédie au drame. La peinture sociale de cette “underclass” américaine n’a rien d’idyllique et des problématiques lourdes apparaissent en arrière-plan. Le cinéaste évite pourtant habilement l’écueil du misérabilisme, sans tomber non plus dans une représentation fantasmée du bonheur absolu de l’enfant pauvre.

The Florida Project partage son témoignage, sans imposer au spectateur ni point de vue, ni jugement, sur la responsabilité de la mère et l’opportunité ou non de lui retirer la garde de sa fille. Captant simplement l’énergie rayonnante de l’enfance, qui surnage comme elle le peut dans un univers pourtant intensément gris. A voir.

Gilles Hérail

The Florida Project, une comédie dramatique de Sean Baker avec Brooklynn Prince, Bria Vinaite et Willem Dafoe, durée 1h51, sortie le 20/12/2017

Bande-annonce et visuels officiels.
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Gilles Herail

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