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[Critique] « Encore heureux » : comédie sociale détonante avec Sandrine Kiberlain et Edouard Baer

[Critique] « Encore heureux » : comédie sociale détonante avec Sandrine Kiberlain et Edouard Baer

29 January 2016 | PAR Gilles Herail

Le scénariste attitré de Pierre Salvadori réalise un film de crise décalé qui séduit par la qualité de ses dialogues, joués avec enthousiasme par Sandrine Kiberlain et Edouard Baer. Malgré ses imperfections, Encore heureux détonne dans le genre parfois convenu de la comédie sociale et ne manque pas de charme et de personnalité. Une bonne surprise.

[rating=3]

Extrait du synopsis officiel : D’accord, Marie est un peu fatiguée de l’insouciance de son mari Sam, cadre sup au chômage depuis 2 ans. D’accord, elle est très tentée de se laisser séduire par ce bel inconnu qui lui fait la cour. D’accord, il y a aussi le concours de piano de sa fille… Si cet équilibre dingue et léger tient à peu près debout, un événement inattendu jette toute la famille sur un chemin encore plus fou.

Benoit Graffin a fait ses preuves en tant que scénariste, co-signant les scripts des comédies de Pierre Salvadori et travaillant avec Jean-Paul Rouve sur son très joli premier film Quand je serai petit (que l’on vous recommande chaudement). Son troisième long-métrage en tant que réalisateur confirme de vraies qualité d’écriture, renforcées par la contribution de Nicolas Bedos sur les dialogues. Encore heureux se la joue film de crise en suivant une famille de classe moyenne plongée dans l’engrenage de la précarisation. Mais le propos est beaucoup plus libre et mal élevé que ce que le titre et l’affiche laissent entendre. Sandrine Kiberlain et Edouard Baer incarnent ce couple principal détonant, qui donne au film une vraie personnalité. L’une qui se débrouille comme elle peut pour maintenir sa famille à flot. L’autre qui vit reclus dans une tente au milieu du salon pour élaborer des plans foireux tout en ronchonnant sur son sort.

Le scénario qui étonne par sa liberté de ton, joue sur l’idée que l’accumulation d’emmerdes nécessite des écarts grandissants avec la bienséance. La situation de départ et les péripéties manquent de crédibilité mais justifient cette perte de repères et de valeurs qui permet au film d’inventer des dialogues explosifs et de dynamiter les convenances. Encore Heureux enchaîne des répliques parfaitement écrites, soigne ses seconds rôles (Bulle Ogier, géniale en grand-mère indigne) mais ne peut se résumer à de la pure gaudriole. Car Benoit Graffin met un point d’honneur à dessiner des personnages attachants et à leur donner du panache. Et emmène également son film vers une forme de romantisme, porté par la complicité du couple Kiberlain/Baer qui apporte de vrais moments de tendresse. La résolution finale laisse à désirer et le récit aurait gagné à moins s’éparpiller mais la grande générosité du film lui donne un caractère inclassable et profondément joyeux. Une bonne surprise.

Gilles Hérail

Encore heureux, une comédie française de Benoit Graffin avec Sandrine Kiberlain et Edouard Baer, durée 1h33, sortie le 27/01/2016

Visuels : ©  affiche et bande-annonce officielles du film
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Gilles Herail

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