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[Critique] du film « Get Out » Satire horrifique malicieuse de la question raciale américaine

[Critique] du film « Get Out » Satire horrifique malicieuse de la question raciale américaine

09 May 2017 | PAR Gilles Herail

Get Out est devenu un véritable phénomène au box-office américain, amassant 170M$ de recettes cumulées pour un budget riquiqui de 4.5M$ ! Jordan Peele signe un premier long-métrage très malin qui détourne les codes du thriller horrifique pour dépeindre, sur le ton de la satire, la persistance des barrières raciales aux Etats-Unis. Du cinéma de genre efficace, malicieux et étonnamment drôle. Notre critique.

[rating=4]

Extrait du synopsis officiel : Couple mixte, Chris et sa petite amie Rose  filent le parfait amour. Le moment est donc venu de rencontrer la belle famille, Missy et Dean lors d’un week-end sur leur domaine dans le nord de l’État. Chris commence par penser que l’atmosphère tendue est liée à leur différence de couleur de peau, mais très vite une série d’incidents de plus en plus inquiétants lui permet de découvrir l’inimaginable.

getout

Get Out a remporté un très large succès au box-office américain, dépassant les 170M$ de recettes grâce à d’excellents maintiens et un bouche-à-oreille enthousiaste. Un triomphe inattendu qui a su résonner avec les interrogations contemporaines de l’Amérique démocrate,  traumatisée par l’élection de Donald Trump et travaillée par la (re) découverte d’une “question raciale”‘ qui paraissait ringardisée par les deux mandats d’Obama. Jordan Peele s’est en effet amusé à introduire un peu de politique dans son hybride entre comédie noire et série B horrifique. Dépeignant sur le ton de la satire et avec les codes du film d’épouvante, la persistance des barrières entre blancs et noirs aux Etats-Unis. Dans un divertissement pop-corn réussi qui emprunte autant à American Nightmare qu’à Dear White People et Django Unchained.

Get out ne fait pas dans la demi-mesure et séduit justement par ses outrances. S’amusant à inviter, petit à petit, les vieux démons racistes de l’Amérique, dans l’apparente banalité d’un week-end à la campagne. Un couple mixte amoureux bien sous tous rapports, des parents démocrates fans d’Obama, une première rencontre qui s’annonce sous les meilleurs auspices. Et va en réalité devenir de plus en plus glauque, alors que les domestiques noirs zombies ne respirent pas l’émancipation, que les invités de la garden-party font preuve d’autant de finesse d’esprit que Fox News, que l’ambiance se fait de plus en plus inquiétante. On ne révélera pas les rebondissements du scénario pour conserver l’effet de surprise mais on pourra quand même vous indiquer que Get Out fait partie de ces petites productions malicieuses très bien pensées qui maîtrisent parfaitement leurs effets et savent faire plaisir à leur public.

On rit énormément devant les aspects les plus parodiques de ce film de genre à prendre au second degré, qui sait créer le malaise pour mieux le désamorcer, convoque un peu d’ésotérisme pour le fun, et finit dans un joyeux massacre libérateur façon Blaxploitation. Du cinéma pop-corn un peu militant, un peu inoffensif, mais surtout incroyablement divertissant.

Gilles Hérail

Get Out, un film d’horreur américain de Jordan Peele avec Daniel Kaluuya, Allison Williams et Catherine Keener, durée 1h44, sortie le 3 mai 2017

Visuels : © affiche et bande-annonce officielles du film
100% Ravel à l’Opéra Garnier
“Isméne” de Marianne Pousseur à l’Athénée-Louis Jouvet
Gilles Herail

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