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[Critique] du film culte « Do the Right Thing » de Spike Lee pour sa ressortie en salles

[Critique] du film culte « Do the Right Thing » de Spike Lee pour sa ressortie en salles

30 June 2016 | PAR Gilles Herail

Do the right thing est de retour dans une poignée de salles françaises depuis mercredi dernier. L’occasion de redécouvrir le film culte de Spike Lee dont le discours sur les tensions raciales aux Etats-Unis reste toujours d’actualité, près de 30 ans après sa sortie. 

[rating=4]

Extrait du synopsis officiel : A Brooklyn, au croisement de deux quartiers, c’est littéralement le jour le plus chaud de l’année. Cette chaleur estivale va bientôt cristalliser les tensions raciales entre noirs et blancs. Mookie, un jeune afro-américain, travaille comme livreur de pizzas pour les italos-américains Sal et Pino. Tout au long de la journée, alors qu’il livre le voisinage, il va se retrouver au centre de l’action, croisant toute une galerie de personnages : un handicapé vendant des photos de Martin Luther King; Radio Borjo, un voyou se baladant avec sa radio sur le bras; l’animateur d’une station radio locale ou encore un vieux chef de quartier alcoolique dont l’unique conseil est “fais la chose juste”. Une dispute entre Sal et Radio Borjo tourne bientôt en émeute…

Do the right thing fait partie des films les plus marquants de la filmographie militante de Spike Lee, porte-étendard d’un style très caractéristique et d’un propos toujours autant d’actualité sur la persistance des tensions raciales au sein de la société américaine. Le quatrième long-métrage du cinéaste nous plonge dans le Brooklyn de la fin des années 80, son argot, ses accents, ses codes vestimentaires, sa diversité. Et sa culture musicale, acteur à part entière, avec le Fight the power de Public Enemy qui apparaît dès la scène d’introduction et reviendra tout au long du film, aux côtés d’autres classiques du hip-hop, de la soul ou du funk. Do the right thing est un film “pop”, qui ne sacrifie pas le style à l’ambition de réalisme et laisse libre cours à l’inventivité de son metteur-en-scène dont on reconnait la patte et l’énergie. Le scénario est ultra référencé, s’inscrivant dans l’histoire des droits civiques, multipliant les citations, rendant hommage à la culture afro-américaine, ses intellectuels et ses artistes. Et dessinant une galerie de personnages qui négocient différemment leur identité et leur rapport aux relations raciales aux Etats-Unis. Mookie, jeune adulte qui bosse à la pizzeria des italiens et essaie (tranquillement) de vivoter. Radio Raheem, qui trimballe son boombox dans la rue toute la journée en faisant huler Fight the power. The Mayor, ancienne figure respectée du quartier en cours de clochardisation. Buggin out, militant de la cause noire qui ne peut s’empêcher de tout ramener aux questions de lutte pour l’égalité. Les femmes n’apparaissent qu’en arrière-plan, avec Mother Sister, Jade et Tina qui tentent de ramener les hommes à la raison et de leur faire assumer leurs responsabilités.

Do the right thing est construit, comme La Haine, sur un crescendo dramatique précédant une déflagration de violence. Quand une journée d’été caniculaire réveille des tensions ethniques sous-jacentes qui ne demandent qu’à exploser. La cohésion du quartier et de ses communautés, blanches (notamment italiennes), noires, latinos, coréennes ne tient qu’à un fil et l’accumulation de difficultés sociales rend l’atmosphère de plus en plus irrespirable. Une broutille symbolique (l’absence de noirs dans le “wall of fame” de la pizzeria d’Al) va alors provoquer un affrontement communautaire qui couvait depuis trop longtemps. Avant une bavure policière qui entraînera une émeute et embrasera tout le quartier (le parallèle avec les conditions de la mort d’Eric Garder sont troublantes). Le ton passe de l’attachante comédie sociale au constat amer, désabusé, implacable, qui n’a en rien perdu de sa pertinence. Car Spike Lee a pensé son film comme une parabole didactique, illustrant les deux “écoles” du mouvement afro-américain, Malcom X contre Luther King, auto-défense contre non violence. Sans prendre parti et laissant le spectateur juge. Les traits sont parfois forcés, l’obsession de la question raciale, difficile à appréhender par le public français (tout comme l’excellent Dear White People)Mais Do the right thing est un vrai film de génération, captant l’air urbain des 80s/90s, la culture hip-hop et surtout le sentiment d’injustice de la population afro-américaine. Un passionnant témoignage d’époque à redécouvrir dans les quelques (bonnes) salles qui ressortent le film cet été.

Gilles Hérail

Do the right thing, un drame américain de Spike Lee avec Spike Lee, Danny Aiello, John Turturro John Turturro, Richard Edson, Giancarlo Esposito, Samuel L. Jackson, Daddy Ossie et Bill Nunn , durée 2h00, sortie en salles le 14 juin 1989 et ressortie le 22 juin 2016.

Visuels : ©  affiche et bande-annonce officielles du film
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Gilles Herail

One thought on “[Critique] du film culte « Do the Right Thing » de Spike Lee pour sa ressortie en salles”

Commentaire(s)

  • Matthias Turcaud

    Un film riche et dense comme la vie, à la fois drôle, percutant et touchant. Une grande oeuvre.

    July 2, 2016 at 12 h 41 min

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