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[Critique] du film « American Nightmare 3 : Elections » Survival dystopique façon blaxploitation

[Critique] du film « American Nightmare 3 : Elections » Survival dystopique façon blaxploitation

25 July 2016 | PAR Gilles Herail

American Nightmare 3 : Elections manie toujours aussi bien les deux leviers de la série : le survival gore et la dystopie politique. On regrette la légèreté de certaines scènes qui virent vers le grotesque mais l’inscription (malgré lui) de The Purge 3 dans une actualité brûlante nous fait attendre le 4 avec impatience. Notre critique.

[rating=2]

Extrait du synopsis officiel : Une sénatrice américaine se lance dans la course à l’élection présidentielle en proposant l’arrêt total de la Purge annuelle. Ses opposants profitent alors d’une nouvelle édition de cette journée où tous les crimes sont permis pour la traquer et la tuer…

The purge gagne des spectateurs de films en film et le troisième opus à une nouvelle fois battu le record de recettes la franchise au box-office américain, grâce à un intérêt grandissant du public et un excellent bouche à oreille streaming / DVD. Le postulat de politique fiction reste toujours aussi stimulant : pour juguler la délinquance, l’Etat organise une nuit de “purge” où chacun peut commettre les crimes les plus abjects en toute impunité. Argument implacable pour tendre un scénario de survival plus classique suivant plusieurs personnages qui cherchent à sauver leur peau dans l’océan de violence incontrôlée. Le deuxième épisode avait tenté d’ajouter une touche politique à la série B horrifique, en dévoilant l’envers du décor de la politique des nouveaux pères fondateurs, cherchant à éliminer discrètement mais sûrement une partie de la population pauvre et d’effectuer un contrôle démographique par le massacre de masse.

The Purge 3 suit cette voie en allant encore plus loin dans cette philosophie contestataire qui donne (un peu) de fond à une franchise par ailleurs toujours efficace sur le plan du divertissement gore tendu. La métaphore politique sur les Etats-Unis est évidente, évoquant le sacro-saint droit de porter une arme, qui agit, de fait, comme une purge light  (13000 morts par armes à feu en 2015 et le double de blessés). Et Américain nightmare 3 : elections se donne des airs de blaxploitation (films des années 1970 présentant des héros noirs qui gagnent à la fin), jouant à fond la carte de la rébellion des minorités afro-américaines et hispaniques face à l’establishment WASP. Le garde du corps dur à cuir (Frank Grillo, toujours aussi difficile à dérider) se fait ainsi voler la vedette par un nouveau héros (Mykelti Williamson), gérant d’une petite épicerie, qui va dévoiler des qualités inattendues de combattant de rue. Et par une tueuse bad-ass  (Betty Gabriel) qui rappelle les grandes heures de Pam Grier (Jacky Brown et Foxy Brown). La troupe de résistants à la purge ressemble d’ailleurs furieusement aux black panthers et les grands méchants sont des suprématistes blancs bourgeois et religieux.

Américan nightmare 3 élections vire souvent au grotesque, en refusant tout ce qui ressemble de près ou de loin à de la demi-mesure. Devenant une sorte de Chute de Londres version gauchiste, où le discours va-t-en-guerre contre les terroristes est remplacé par un soulèvement tout aussi violent contre l’oppression des minorités. Cette approche politique, certes amenée avec d’immenses sabots, fait le charme d’une série décomplexée qui fait écho, malgré elle, à des événements très contemporains qui renforcent son intérêt. Car la barbarie qui se libère dans la purge rappelle les pulsions de mort à l’oeuvre dans les attaques terroristes et que la question raciale américaine resurgit violemment depuis quelques mois. American nightmare 3 n’est clairement pas à la hauteur de ces enjeux, éprouve une certaine fascination pour la violence qu’il dénonce, mais reste un exercice assez stimulant de survival politique.

Gilles Hérail

American Nightmare 3 Elections (The Purge 3), un film d’horreur américain de James DeMonaco avec Frank Grillo, Elizabeth Mitchell et Mykelti Williamson, durée 1h50, sortie le 20/07/2016

Visuels : © affiche et bande-annonce officielles du film
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Gilles Herail

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