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[Critique] du film « A war » remarquable drame de guerre danois sur l’Afghanistan

[Critique] du film « A war » remarquable drame de guerre danois sur l’Afghanistan

04 June 2016 | PAR Gilles Herail

Tobias Lindholm signe un remarquable drame sur la guerre moderne, en suivant un commandant affecté en Afghanistan (Pilou Asbæk) et sa femme restée au Danemark (Tuva Novotny). A war (Krigen en titre original) séduit par sa précision documentaire, sa justesse émotionnelle et sa finesse morale. Un parfait complément à Jarhead, Américan Sniper et Good Kill. Notre critique.

[rating=4]

Extrait du synopsis officiel : Le commandant Claus M. Pedersen et ses hommes sont affectés dans une province d’Afghanistan, tandis qu’au Danemark, sa femme, Maria, tente de faire face au quotidien et d’élever seule leurs trois enfants. Au cours d’une mission de routine, les soldats sont la cible d’une grave attaque. Pour sauver ses hommes, Claus va prendre une décision qui aura de lourdes conséquences pour lui, mais également pour sa famille…

Le genre du film de guerre s’est transformé depuis quelques années, tournant le dos au tonitruant pour capter l’essence “intime” des conflits modernes. Clint Eastwood avait brillamment interrogé la figure du héros-soldat dans American Sniper. Andrew Niccol s’était intéressé à l’utilisation des drones et à la mort à (grande) distance dans Good Kill. Tobias Lindholm (réalisateur de Hicackigng et scénariste de La Chasse réalisé par Thomas Vintenbergadopte lui un regard de terrain et de proximité, aux côtés d’une troupe de soldats danois qui combattent les talibans dans une province afghane. A war s’évertue à décrire une guerre froide, anti-spectaculaire, face à un ennemi invisible, menaçante épée de Damoclès qui peut surgir à tout instant à travers une mine ou un tir lointain. Un conflit larvé, difficile, interminable, qui se joue aussi dans la “communication” et les relations nouées avec les habitants pour gagner leur soutien. En faisant du terrain et en réalisant des patrouilles à pied, qui les font devenir des cibles vivantes. Le scénario nous épargne les traditionnelles scènes de camaraderie bourrine et machiste, s’attachant au contraire à humaniser la figure de soldats professionnels qui restent avant tout de jeunes adultes, pas forcément prêts à affronter l’épuisement moral et psychologique causé par leur métier.

Le rythme volontairement lent et l’absence de dramatisation outrancière ne font que renforcer la puissance de cette chronique de guerre moderne, racontée sans exotisme ni fascination. Et place le personnage principal face à ses limites, l’amenant à prendre une décision très contestable pour sauver l’un des siens. Ce dilemme moral sera le sujet de la deuxième partie du film, tout aussi brillante, qui retrace le retour au pays du commandant. Tobias Lindholm conserve la précision de la première heure pour suivre le déroulé du procès qui devra statuer sur la responsabilité du “héros” dans la mort de 11 civils, après avoir ordonné le bombardement d’une cible sans avoir pu vérifier son caractère militaire. Une séquence passionnante qui expose deux visions tout aussi légitimes (droit international contre réalité du terrain), laissant au spectateur le soin de se faire son opinion. A war approche également avec beaucoup de sensibilité la question de l’arrière et de la famille de soldat, grâce au beau personnage interprété par Tuva Novotny. Une femme solide, qui gère comme elle le peut l’inquiétude permanente, le mal-être de son fils qui supporte mal la situation, le sentiment d’impuissance quand les ennuis s’enchaînent. Une compagne qui va faire abstraction de l’horreur qu’elle ressent face à l’implication de son mari dans la mort de civils innocents, pour le convaincre de mentir et d’éviter la prison. La force de ce personnage féminin est à l’image d’un grand film sur la guerre moderne, qui traite son sujet dans toute sa complexité. A voir.

Gilles Hérail

A war, un drame de guerre danois de Tobias Lindholm avec Pilou Asbæk, Tuva Novotny et Dar Salim, durée 1h54, sortie le 01/06/2016

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