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[Critique] : “Djam”, un Gatlif pur jus arrosé de Rebetiko et de voyeurisme

[Critique] : “Djam”, un Gatlif pur jus arrosé de Rebetiko et de voyeurisme

05 August 2017 | PAR Yaël Hirsch

A la faveur de l’été, les films du Losange sortent sur grand écran le nouveau film de Tony Gatlif, Djam, qu’il avait présenté en compétition officielle à Cannes assorti d’un grand concert de Rebetiko sur le cinéma de la plage. Le cinéaste algérien de ma musique nomade à qui l’on doit les très libres Gadjo Dilo et Exils s’enlise dans ses habitudes, jusqu’à en oublier d’être lui-même libre et créatif. A travers le road trip de deux jeunes-filles entre Istanbul et l’Ile de Lesbos, en Français et en Grec, il noie sa fable bien pensante dans le Rebetiko et dans la nudité de ses jeunes héroïnes sauvages. Un film à recommander uniquement aux fans du style Gatlif.
[rating=2]

Mandatée par son oncle Kakourgos (le grand Simon Abkarian), Djam (la très jolie Daphné Patakia) quitte l’île de Lesbos où ce dernier tient un restaurant pour aller chercher à Istanbul un ièce maîtresse et manquante pour le bateau familial. Là elle rencontre la jeune Avril (Maryne Cayon bonne actrice), 19 ans, venue de Châtenay-Malabry pour aider les réfugiés, pleine d’idéal et dans la panade après avoir perdu ses papiers. Elle la prend sous son elle dans un mouvement irrésistible de séduction libre, menteuse et sauvage et l’emmène en road-trip là exactement où la jeune française voulait aller…

Avec des plans qui n’en finissent pas, des kilos de musique traditionnelles grecs et quelques dialogues lourds de sens (pauvre Simon Abkarian, noyé dans un monologue bien-pensant sur les minorités migrantes martyrisées) et deux jeunes-femmes nubiles et sexys couvent à poil, Tony signe bien un des films quasi-documentaires dont il a le secret. Sauf que les ficelles s’alourdissent, que le voyeurisme est limite et que rien n’éclaire ou ne rend le moins du monde émouvant la situation des migrants aux confins de l’Europe. L’image est belle – comme les intentions – mais les plans et les dialogues trop gros pour créer de l’émotion…

Tony Gatlif, Djam, avec Daphné Patakia, Maryne Cayon, Simon Abkarian, 1h37, Les films du Losange, Sortie le 9 août 2017.
visuels : photos officielles : Copyright Princes Production

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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