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[Critique] “Dixieland” : Jackson ou la tragédie au quotidien

[Critique] “Dixieland” : Jackson ou la tragédie au quotidien

25 February 2016 | PAR Sylvain Lefèvre

Présenté dans le cadre de la compétition internationale du Festival du Film d’Amour de Mons (Belgique), Dixieland, le premier long métrage du réalisateur américain Hank Bedford nous invite dans un univers cinématographique qui fait la part belle à l’esthétique sans oublier pour autant un scénario certes un peu convenu mais de qualité.

[rating=3]

Kermit – Chris Zylka – a purgé sa peine, payé sa dette envers la société. A l’origine de son incarcération, un « coup de sang » mais aussi un lourd passif de petites magouilles et autres délits. Dans le Jackson vu par Hank Bedford, il ne semble guère y avoir d’autre salut que cette économie parallèle où s’entremêlent trafic de drogue, prostitution et autres « coups de poing ». Mais Kermit n’en a cure. Résolu à retrouver le droit chemin, il va tenter de s’y efforcer. Sa rencontre avec la belle Rachel – Danielle Riley – sera une motivation supplémentaire.

Une photographie originale et de qualité

Entrecoupant son propos de témoignages dans le plus pur style documentaire sur la décrépitude de la ville, Hank Bedford invite les spectateurs à venir se cogner avec son héros contre les murs d’une prison bien plus résistants que celle dont il vient de sortir. Rien n’y fera, partagé entre son envie de venir au secours de sa belle et un passé de petit malfrat dont il ne peut se défaire, Kermit sera bien vite rattrapé par un inexorable destin.

En usant d’une photographie originale – Tobias Datum directeur de la photo, un nom à suivre – dans laquelle se mêlent harmonieusement couleurs saturées, jeu sur les flous de premier plan et angles de prises de vue inhabituels, Hank Bedford restitue merveilleusement bien cette tragique course contre un destin tout tracé et un sentiment d’enfermement étouffant dans lequel se débat Kermit.

Film sur des « petits blancs paumés » de l’Amérique profonde dont il égraine les inaccessibles rêves de réussite, son message semble être que l’amour ne peut pas nous sauver de tout. Intercalant avec harmonie des plans issues des pensées et des rêves de ses acteurs, il crée de saisissants contrastes entre espoirs et tristes réalités. A l’appui de ces témoignages d’habitants qui semblent désormais attendre le divin au détriment d’un éventuel surcroît d’humanité. Même si l’espérance semble de nouveau voir le jour à l’issue d’une seconde partie haletante.

Dixieland, de Hank Bedford, avec Chris Zylka, Riley Keough, Faith Hill, Steve Earle, Brad Carter, USA, 2015, 90 min.

visuel : photo officielle

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Sylvain Lefèvre

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