A l'affiche
[Cannes 2016, Semaine de la Critique] “Grave” de Julia Ducournau, une fable génialement (in)carnée

[Cannes 2016, Semaine de la Critique] “Grave” de Julia Ducournau, une fable génialement (in)carnée

16 May 2016 | PAR Yaël Hirsch

Révélation et coup de tonnerre à la Semaine de la Critique, Grave est un premier long-métrage osé et très réussi sur le sujet tabou du cannibalisme. Julia Ducournau signe un bijou d’originalité et d’audace à aller découvrir en salles dès qu’il sort, l’estomac bien accroché.

[rating=5]

Justine (oui, comme chez Sade) est une douce jeune fille, première de classe et végétarienne, qui suit sa sœur en entrant à l’internat pour devenir vétérinaire. Mais les problèmes commencent : Le bizutage est terrible : on la force même à manger des foies de rat vivants, elle tombe discrètement amoureuse de son cothurne gay et en plus sa sœur est vache. Mais le problème ne serait-il pas plus “Grave”? Entre deux fêtes trop arrosées et deux nuits blanches, la frêle jeune fille a d’irrésistible impulsions cannibales….

Le corps de la jeune fille qui se tort sous les draps suffit à nous effrayer… Julia Ducournau joue avec les codes du film d’horreur pour mieux parler d’adolescence. La forme est violente, l’excuse du cannibalisme taboue mais le résultat est tellement juste, intelligent et décalé sur les affres du rapport au corps des jeunes-femmes!… Divinement filmé, avec quelques twists bien sentis sur une photo joyeusement surexposée à l’ombre des vices cachés, le film fonctionne dans un huis clos où la jeune fille bataille contre le glauque et la rentrée dans le rang. L’extraordinaire vient butter contre les codes, les normes et parler à nos peurs et dégoûts les plus profonds. Extrême et racé, jamais gratuit ni dans sa mise en scène, ni dans ses dialogues rares et qui sonnent, ce premier film concentre en 1h30 une énergie et une force époustouflants. Julia decournau est l’une des grandes révélations de ce 69e Festival de Cannes.

Grave (Raw), de Julia Ducournau, avec Garance Marillier , Ella Rumpfs, Rabah Naït Oufella, Joanna Preiss, France, 1h35, 2016. En compétition à la semaine de la Critique. Distribution Wild Bunch.

visuel : photo officielle

[Cannes, Compétition] Dans “Loving”, Jeff Nichols peine à empoigner son sujet
[Cannes 2016, Quinzaine] « Les vies de Thérèse », documentaire sans filtre sur l’une des figures du féminisme
Avatar photo
Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration