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“Bitch” : une comédie dramatique enragée [Critique]

“Bitch” : une comédie dramatique enragée [Critique]

21 September 2017 | PAR Simon Théodore

Présenté dans plusieurs festivals différents, dont celui du film fantastique de Strasbourg, Bitch est le nouveau long métrage de la réalisatrice écossaise Marianna Palka. En lice dans la catégorie crossover, cette production est difficilement classable dans un registre particulier. Malgré un scénario intéressant, Bitch s’avère un être film en demi-teinte.

[rating=3]

Jill (Marianna Palka) est mère au foyer, isolée dans sa maison d’une banlieue huppée américaine. Tandis que son mari carrièriste (Jason Ritter) travaille dix huit heures par jours et la trompe, elle s’occupe de la maison et de ses quatre enfants. Après une tentative de suicide ratée, cette femme tourmentée se transforme en une chienne enragée. Ce sera le début d’une longue crise familiale bien difficile à gérer…

Bitch se distingue essentiellement par le jeu de ses comédiens. Bestial et sauvage, le rôle tenu par la réalisatrice comédienne est bien interprété et renforcé par une réalisation et une mise en scène flirtant, parfois, avec le cinéma d’horreur. Le mari, quant à lui, est un homme égocentrique, infidèle et complètement étranger à sa vie de famille. Ce personnage se veut à la fois détestable et drôle, notamment lorsqu’il craque, complément dépassé les événements. Certaines de ses expressions corporelles rappellent les qualités d’acteur de Jim Carrey. Par leurs remarques subtiles et cocasses, les deux derniers enfants du couple piquent occasionnellement la vedette au père, renforçant ainsi sa détresse et, par la même occasion, certains comiques de situation.

L’interprétation est donc bien le point fort de ce projet. Malgré un scénario fort, ce film donne l’impression que la réalisatrice a voulu aller trop vite et dans trop de genres différents, sans véritablement en choisir un en particulier. La première scène est intense et tragique. Par la suite, les gros plans sur le visage d’une chienne humaine enragée et couverte d’excréments sont violents et sales. Néanmoins, tout au long du film, la tension et la pression restent constantes. Le spectateur ne suit pas la transformation psychique et progressive de la mère de famille. Bitch manque d’un véritable temps de rupture, durant lequel la bestialité du rôle aurait pu s’exprimer brusquement. Centrer la focale sur l’évolution de ce personnage principal aurait ainsi permis de conférer une dimension fantastique réussie au film…

Cependant, le choix de Marianna Palka a été se concentrer sur la gestion absurde et étrange de la folie par la famille, et aussi, sur l’innéficacité du rôle des institutions durant ce genre de crise. N’assumant pas cette situation, le mari, en position de patriarche autoritaire, semble être le seul à pouvoir décider du sort de son épouse. Par conséquent, plusieurs interventions de personnages extérieurs à la trame n’apportent pas grand-chose au fil conducteur de l’histoire et perdent quelques peu le spectateur… Enfin, l’épilogue de ce film péchera par son côté « happy end » alors qu’une plus grande excentricité et une plus grand dose de tragique aurait eu toute leur place.

Bitch est donc un film plaisant et « gentil » alors que le sujet est grave et sombre. Malgré de bons acteurs, quelques scènes fortes, plus de folie et de tragique aurait permis à ce long métrage d’obtenir une teinte bien plus noire et plus osée.

Bitch. Drame, comédie de Marianna Palka. Avec Jason Ritter, Jaime King et Marianna Palka. Durée : 1h33.

Visuel : (c) Affiche du film.

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Simon Théodore

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