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[Aubagne, Jour 5] “Grand froid” et “Le ciel flamand” contrastent en compétition, le label Chinese Man fait danser le Festival

[Aubagne, Jour 5] “Grand froid” et “Le ciel flamand” contrastent en compétition, le label Chinese Man fait danser le Festival

25 March 2017 | PAR Yaël Hirsch

Ce cinquième jour du Festival International d’Aubagne est aussi le dernier du marché, où 50 compositeurs ont travaillé sur scénario pour être mis en lien avec des productions en cours. Arrivés pour découvrir la fin du Festival, Toute La Culture a pu couvrir aujourd’hui deux films belges en compétition à Aubagne et danser dans la ville de Pagnol, avec les artistes de Chinese Man Records. 

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Arrivés à Aubagne par un temps plutôt gris, nous nous sommes vite réfugiés devant l’écran, après avoir goûté les merveilleuses madeleines au miel et au citron du salon de thé Clément et Olivier. Le premier film que nous ayons vu est un film en compétition: Le ciel flamand, deuxième long-métrage du réalisateur flamand Peter Monsaert, qui avait déjà été primé à Aubagne pour le scénario de Offline, son premier long. Original et lancinant, Le ciel flamand raconte l’histoire de trois générations de femmes qui gravitent autour d’une maison close. Si la grand-mère, Monique et la mère, Sylvie, sont des tenancières modernes, la petite fille, Eline est interdite d’entrée et doit rester dans la voiture. Mais le jour de ses 6 ans, elle enfreint la règle et entre. Elle tombe sur un des clients qui abuse d’elle… Les cieux brouillés et la grisaille terrible de ce film naturaliste ne l’empêchent pas d’être fort et saisissant. Peter Monsaert sublime ses actrices qu’il sait merveilleusement mettre en scène. Il sait également orchestrer le rythme de ce film très maîtrisé. Côté musique, puisque la musique est maîtresse à Aubagne, on appréciera le minimalisme du film qui laisse les visages parler et utilise l’art du compositeur Frederik van de Moortel avec une juste parcimonie. Un film à la fois terrible et attachant, qui a ses chances pour le palmarès.

Le ciel flamand, de Peter Monsaert, musique de Frederik van de Moortel, avec Sara Vertongen, Esra Vandenbussche, Ingrid de Vos, Belgique, 2016, 112 min.


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C’est à un deuxième film belge (coproduit avec la France et la Pologne) que la compétition nous conviait en Salle Marcel Pagnol à 18h. En présence de l’équipe du film (pour qui c’était seulement la deuxième projection publique), Grand Froid est le premier long-métrage du cinéastes, publicitaire, Gérard Pautonnier, né de sa rencontre avec l’auteur Joël Elgoff, qui lui avait déjà offert le scénario de sont court très remarqué, L’étourdissement. Avec un casting de premier choix (Olivier Gourmet, Jean-Pierre Bacri, Sam Karmann, Féodor Atkine, Arthur Dupont), cette comédie grinçante met en scène des employés de pompes funèbres sans beaucoup de travail surpris par le “grand froid” alors qu’ils sont en route pour enterrer un monsieur âgé. Les sorties de route, les coupures d’électricité, les glissements de terrain et le froid “à réveiller les morts” changent leurs plans … Malgré un scénario qui semble sorti tout droit des frères Coen, avec des personnages dignes d’un Jaco van Dormael, et malgré des acteurs attachants, le Grand froid ne prend pas. Par manque de rythme d’abord, avec une image très léchée mais souvent distendue à l’extrême et des situations qui se répètent sans faire rire ou surprendre. Et par manque de scénario concluant pour arriver au long-métrage. On imagine tout à fait un court vif, décalé et poilant, mais la tension du 6 pied sous terre ne tient pas le choc des 1h30. Dommage pour les sympathiques acteurs qui parlent du film avec conviction et dommage pour le compositeur Christophe Julien dont la musique est noyée dans une débauche de moyens semblables à l’image plantureuse. Parfois, less is more. 

Grand froid, de Gérard Pautonnier, musique de Christophe Julien, avec Olivier Gourmet, Jean-Pierre Bacri, Sam Karmann, Feodor Atkine, Arthur Dupont, Pologne, Belgique, France, 2016, 96 min.

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Alors que la pétillante Noémi Lvosky venait présenter son film, Camille Redouble, en salle Prévert, ce vendredi soir était riche en émotions. D’abord, à l’Espace des Libertés, dans la grande salle de Concert, le label Chinese Man Records avait le (dance)floor pour 3 de ses grandes voix. Nous sommes d’abord allés guincher dans les caraïbes avec le DJ set de Phono Mundial. Puis, c’est vers un mélange d’Inde et de West coast que nous sommes partis avec l’irrésistible Alo Wala. Enfin, les noctambules ont fini la nuit avec DJ Craze aux platines…

De notre côtés, après quelques photomatons de fin de soirée, nous avons eu le plaisir de retourner en salle Jacques Prévert voir une partie de la séance de nuit (qui se finissait à 3h!) où défilaient de nombreux courts engagés. A travers des histoires de familles, des personnages en révolte ou des documentaires qui permettent de dresser des constats, c’est une vision à tonalité européenne, assez jeune et dynamique que l’on a pu suivre avec l’idée prégnante et plutôt agréable que les jeunes réalisateurs avaient encore l’espoir de le changer… notre monde. Et pour le mieux. C’est sur cette idée agréable du progrès encore que possible que nous sommes allés nous coucher…

visuels : YH

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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