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Alabama Monroe, une histoire d’amour décalée rythmée par un blues authentique

Alabama Monroe, une histoire d’amour décalée rythmée par un blues authentique

27 June 2013 | PAR Yaël Hirsch

 

Le réalisateur de “La merditude des choses”, Felix van Groeningen passe à un registre aussi authentique que mélancolique en adaptant une pièce de Johan Heldenbergh, l’acteur principal et chanteur du film. Le résultat est une plongée en flash back dans le milieu rural de la partie flamande de la Belgique, avec de la musique aussi profonde qu’en Alabama. Poignant et virtuose, le film a connu un grand succès en Belgique et arrive dans nos salles françaises le 28 août 2013 et à l’honneur à Paris Cinéma.

Didier (Johan Heldenbergh) et Elise (Veerle Baetens) se sont rencontrés sur un coup de tête; Elle l’a suivi dans sa passion : le bluegrass du plus profond des États-Unis et transformé son groupe en incontournable local, avec son physique très pin-up et sa voix si forte en émotions. Lorsqu’elle tombe enceinte, ils ne sont pas tout à fait prêts, vivotant dans une caravane devant une maison délabrée, à la campagne. C’est avec joie néanmoins que l’adolescence prolongée prend fin et la petite Maybelle rapproche encore les deux amoureux, qui n’en poursuivent pas moins leur chemin dans le bluegrass. Le ciel s’effondre sur Didier et Elise le jour où les médecins leur annoncent que la petite a un cancer. Une grande bataille commence : pour la petite et pour le couple.

Intitulé “The Broken circle breakdown” en VO du nom de la chanson inaugurale du film, le film relate une histoire d’amour fougueuse à la Paul Wes Anderson. Si celle-ci est assombrie par le cancer d’une petite fille de 6 ans, elle ‘nen demeure pas moins toujours le sujet principal du film, au contraire du sujet de “La guerre est déclarée” de Valérie Donzelli, par exemple. Entièrement construit en flash-back, “Alabama Monroe” génère une émotion sans limite et qui semble iradier des ellipses et des tourbillons que génére sa structure complexe. Baigné par l’excellent bluegrass du groupe BCB, porté par le très beau jeu des acteurs (le bourru Johan Heldenbergh et la diaphane Veerle Baetens), le films s’enlise parfois un peu longuement dans la confrontation des idées catholiques de sa belle héroïne tatouée et du matérialisme acharné de son grand cow-boy profondément scientiste. La puissance de leur rencontre et la grandeur de l’épreuve qu’ils ont à surmonter nous maintiennent néanmoins captifs de leur histoire 100 % romantique et 100 % esthétique. Une grande réussite, tout en originalité et en amour de la vie et de la musique.

“Alabama Monroe”, (“The Broken circle breakdown”), de Felix van Groeningen, avec Johan Heldenbergh, Veerle Baetens, Nelle Catrysse, Belgique, 2012, 112 min, Bodega films. Sortie le 28 août 2013.

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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