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“Popcorn”:  Le Musée d’Art moderne de Saint-Etienne interroge les liens entre cinéma, design et art

“Popcorn”: Le Musée d’Art moderne de Saint-Etienne interroge les liens entre cinéma, design et art

09 March 2017 | PAR Yaël Hirsch

Alors que la célèbre biennale du design de Saint-Etienne commence, ce jeudi 9 mars 2017, le Musée d’Art moderne vernit trois nouvelles expositions. La plus poétique est la première grande exposition personnelle du peintre danois (et aussi dessinateur et vidéaste) Peter Martensen, qui exprime en couleurs ou en lancés de gris le destin commun d’hommes et de femmes livrés aux experts dans note monde de l’après Nuremberg. La plus monumentale est l’ensemble sublime de 7 têtes sculptées par l’artiste catalan Jaume Plensa pour le musée. La plus Inter disciplinaire enfin est “Popcorn” imaginée par le professeur Alexandra Midal et le directeur du LaM, Sebastien Delot.

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popcorn

Sous son titre croustillant l’exposition Popcorn défie les disciplines pour voir comment art, cinéma et design ont travaillé ensemble. Pour Alexandra Midal, les 3 disciplines sont sujettes à question quant à leurs rapports avec le capitalisme alors même que l’art populaire qu’est le cinéma et le désir de nouveauté pour tous qu’est le design peuvent  être du côté des plus démunis.

Après une entrée en matière pharaonique et hollywoodienne avec 3 sphinx de Ghida Bhassoun et Ingrid Rousseau qui font référence aux fouilles cinématographiques qui ont eu lieu pour retrouver les 16 sphinx du tournage des Dix Commandements que Cecil B DeMille refusait de laisser au studio, on entre de plein pied dans le thème de la biennale cette année: le travail. Avec la fameuse sortie d’usine des Frères Lumière mise en perspective avec du Edison et des œuvres des collections du musée ainsi que des pièces extérieures : des photos de Lee Friedlander, de Paul Fachetti, des Becher ou plus documentaires des éditions Martial, des créations des Gilbreth sur la rentabilité du mouvement, des collages de Mortier aussi bien que des créations en verre artisanal (mais industriel!) du collectif El Ultimo Grito.

Les femmes de Jacques Tati préférant aller au Salon des arts ménagers plutôt qu’au musée du Louvre font pendant aux hommes ouvriers. Imaginée par l’atelier Maciej Fiszer, la scénographie joue sur la lumière, les sons et met en place un théâtre de poche ou plusieurs films de vidéastes sont joués. On y découvre le travail de Noram Toran qui rejoue avec un plateau à objets très design les scènes clés d’A bout de souffle dans Object for lonely men ou  encore celui de Michael Mouyal qui met en scène Julian Assange dans In equilibrium.

On passe par un sas de jeu clair-obscur signé Anthony McCall pour accéder à section suivante. On nous y fait marcher sur la lune, le musée puisant dans ses collections pour mettre en avant le lien entre l’idée de non-matière liée à la lune avec l’inspiration des designers (dont Roger Tallon) pour des chaises, des meubles ou des bas reliefs qui font perdre la notion de l’espace (Verner Pantin). Tandis que Meliès règne en maître de cérémonie avec deux mythiques voyages sur la lune, l’autoportrait de William Kentridge en hommage à Meliès et en 7 vidéos est l’une des œuvres majeures de l’exposition.

Scénographiée magistralement la dernière section “Western” se concentre sur le travail photographique méconnu des designers Charles et Ray Eames, meilleurs amis de Billy Wilder et souvent sur des tournages. Ces photos de tournages sont mises en perspective avec un des films du maître et un film réalisé avec des nains témoignant du rapport du cinéma avec le monde de la foire et aussi de la dureté d’Hollywood dans sens coupes de budget. Des œuvres de Richard Prince, Noram Toran et un fusil viennent parler de violence entre cowboys et indiens. Une histoire américaine qui finit de nous prouver que, le cinéma l’art et le design, correspondent pour nous donner envie d’en savoir plus sur leurs liens.

Visuel : affiche / Paul Facchetti, “Brigitte Bardot”, 1948. Photographie couleur cibachrome. 30,4 x 25,3 cm. Collection MAMC. Photo : Cyrille Cauvet. © ADAGP, Paris 2016

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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