Arts
Mois de la photo : le Marais flamboyant des hommes et des villes

Mois de la photo : le Marais flamboyant des hommes et des villes

07 November 2012 | PAR Amelie Blaustein Niddam

À Paris les foires succèdent aux festivals, finie la Fiac, continue le Festival d’automne, vient d’arriver le Mois de la Photo. Dans ce cadre les galeries jouent le jeu. Le point d’orgue se situe dans le Marais qui grouille de portes lourdes derrière lesquelles se cachent des bijoux, en ce moment, entièrement dédiées à la photo. Tour d’horizon de Chemin Vert à Saint Paul… à pied !

Le grand rendez-vous parisien des amateurs de photographie rassemble plus de 80 expositions. Cette biennale s’est choisie trois mots d’ordre pour l’édition 2012: « Small is beautiful », le Réel enchanté, et la photographie française et francophone de 1955 à nos jours.

Notre parcours commence au métro Chemin Vert. Nous nous arrêtons à la Galerie reine, Polka. Malheureusement, on arrive trop tôt, l’accrochage n’est pas encore fait, le vernissage “Small is beautiful”, exposition collective de Philippe Guionie, Sara Imloul et Donata Wenders aura lieu le 24 novembre. On continue à marcher direction la Rue Debelleyme où se niche, entre autres, la Galerie Karsten Greve.

Le coup de cœur est total pour le travail d’Ilse Bing (1899-1998). Les trois étages du bel endroit rassemblent des photographies prisent dans les années 1930. Certaines datent de 1929. Dans le Paris de celle qui fut exposée lors de la première exposition consacrée à la photographie contemporaine au Louvre, le Paris y est si contemporain qu’il en devient troublant. Les clodos dorment sous les ponts, les danseurs contemporains répètent, la tour Eiffel scintille déjà. La maîtrise du Leica rend ses photos à la fois puissantes et nostalgiques. Elle fut la première femme photo journaliste.

 

Notre trajet nous amène à la Galerie Sit Down, 4 rue Sainte Anastase qui accueille les clichés de Jérôme Grézillon. Photographe de presse, pour Libé, Les Inrocks, Le Monde et Télérama entre autres, le photographe disparu en mars 2012 a accumulé au cours de sa carrière des photos personnelles de paysages, d’espaces immenses. Ici, nous partons dans les espaces vides américains où des fast-food se nichent au cœur d’un rien qu’on imagine entourées de “free ways”. Montrées pour la première fois à Paris, les photographies de la série “Stand Art Life” ont été réalisées par Jérôme Brézillon entre 1999 et 2003. 

Encore un saut de puce. Nous ne sommes pas déçus par « Les Chefs d’oeuvre » de Louis Stettner exposés à la galerie David Guiraud, 5, rue du Perche. Le Paris des Fifties fait face à New-york de toutes époques. Le grand monsieur fêtait hier ses 90 ans. Toute une vie à développer lui même dans la douleur de l’argentique pour un résultat proche des travaux de Doisneau ou Ronis qu’il fréquentait. Le noir et blanc domine à quelques exceptions américaines comme ce “Chrysler building from Times Square” en 2003. Toutes les photos sont magnifiques, extraits de l’énergie bouillonnante des villes. Cette vente résonne avec l’exposition qui se donne jusqu’au 27 janvier.

Bref passage ensuite à la Galerie Anne Barrault où Manuel Marques expose ses grands formats fragmentés de São Paulo. Cet arrêt nous met sur le chemin de la rue Charlot où se niche au numéro 58 le flamboyant Hôtel de Sauroy. Il accueille sur tout un étage une exposition dédiée à Luigi Ghirri et ses héritiers. Autant dire que l’on fond littéralement sur le projet magistral de toute une tendance italienne. Luigi Ghirri, géographe au départ, avait le goût des lignes. C’est un travail nommé Atlasqui le rendra célèbre. Amoureux du banal, il l’a transcendé. L’exposition réunit six photographes aux démarches différentes. On garde avec nous Susanna Pozzoli qui réalise des tableaux réels, photographiant à Harlem les appartements tels qu’ils s’offrent à elle. Les montagnes carbonisées de Claudia Pozzoli, solitaires et imposantes comme des métaphores.

La promenade se termine en deux lieux. L’étonnant musée de la Chasse abrite les photographies de Frédéric Nauczyciel, “Le temps devant”. Neufs portraits confrontent des métiers fort divers dans leur propre environnement. On adore ce franciscain si sombre portant un crâne dans sa main.

Enfin, l’Institut Suedois offre ses Distances différentes“, c’est à dire par les yeux d’une nouvelle génération de photographes de mode suédois. Denise Grünstein, Julia Hetta, Martina Hoogland Ivanow, Julia Peirone et Elisabeth Toll présentent chacun une image extrêmement léchée, proche du sublime. On aime ces rousses raphaélites.

Visuels :

Ilse Bing, Eiffel Tower, 1934, Tirage argentique d’époque, 27,9 x 22,2 cm, Courtesy The Estate of Ilse Bing. Courtesy Galerie Karsten Greve Köln, Paris, St. Moritz

(c) Jérôme Brezillon, Cerf

(c) Institut Suedois


 

 

 

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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