Marché de l'art
Fiat Lux, Lux Fiac ! Une bien sage édition 2016

Fiat Lux, Lux Fiac ! Une bien sage édition 2016

20 October 2016 | PAR Franck Jacquet

L’édition 2016 de la grand-messe ouvrait ce matin. Une édition resserrée avec la fin de l’OFFicielle qui se tenait auparavant quai d’Austerlitz, mais qui se concentre avec l’aménagement d’une petite partie du Petit Palais pour l’occasion. Les Tuileries ne sont pas en reste. Jusqu’à ce dimanche soir, le marathon est donc ouvert pour le plaisir des Parisiens. Première tendance auprès de quelques galeries hier après-midi et ce midi alors que les collectionneurs ont pu déjà visiter les lieux : un assez bon niveau d’achat pour les premières heures ; un peu moins de visiteurs ce matin mais plus d’intéressés. Ce n’est qu’un début…

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Une tendance : moins de clinquant ?  

Evidemment, les grandes galeries concentrent l’attention. On les attend (parfois au tournant d’ailleurs). Au visiteur de se faire une opinion, c’est là l’intérêt de la Fiac : l’art contemporain, c’est aussi affaire d’opinion publique ! Mais on peut dire, à passer par les corners les plus prisés (Thaddaeus Ropac, Kamel Mennour, Karsten Greve, Lisson, Perrotin, Marian Goodman et consorts), que finalement sauf exception, le clinquant est remisé. Même les criards se contentent souvent du néon. La couleur, elle est affadie sinon bannie. Les matières, elles sont moins mélangées, confrontées… On ne croisera finalement, comme écho critique (?) du grand marché dans lequel on se trouve, qu’une grande corde de poissons géants séchant de Mark chez Nagel Draxler. Un peu plus loin, toujours dans l’allée centrale, les néo-néons agressent et désarçonnent par leur anodin. L’an passé encore très présents (voir notre critique), les rois du toc sont donc plus calmes, peut-être au profit de quelque œuvre plus signifiante. Un écho voulu par rapport au contexte ?

Petits et grands, nos « chouchous »

Si chacun a son avis ce qu’il voit avant l’overdose logique (et attendue) du regard, risquons-nous à quelques conseils. Tout d’abord, il faut reconnaître la qualité des acquisitions de l’année du Fonds municipal d’art contemporain de la Ville de Paris : Thibault de Gialluly propose des images interrogeant l’actualité mondiale, à la limite du dessin de presse ; Ali Cherri récemment à l’ICI travaille sur les photographies et images satellite ou aériennes. A l’étage, chez Vilma Gold, on réfléchit sur l’anthropocène, thème à la mode s’il en est avec un planisphère ironique sur le vert – végétal. Les destructions du monde y rappellent il y a quelque temps Sugimoto au Palais de Tokyo et ses fins du monde. Tout aussi ironiques sont les grandes affiches d’épreuves d’ouvrage, affichées chez P420 de Irma Blank : plus on s’approche, plus on voit le vain de l’écrit ; les lignes de mot se révèlent être de simples gribouillis ne faisant point mot. Tout à côté, on reste un peu scotché tout de même par les affiches couvrant le thème de l’exposition à travers l’histoire parisienne, affichage à la fois élaboré et pourtant samizdat et précaire à la galerie Espaivisor. Retenons encore pêle-mêle particulièrement la jamais décevante galerie Nathalie Obadia, Mehdi Chouakri, Zeno X, Alfonso Artiaco qui caressera le classique dans le sens du poil en confrontant ancien et moderne, notamment par un magnifique triptyque doré. Enfin, ajoutons Almine Rech et Gregor Podnar, peut-être moins connue mais au propos soutenu.

 

Village people

Evidemment, la Fiac c’est aussi un moment qui vient sanctionner la rentrée parisienne dans la foulée de la Fashion Week. Au Grand Palais et pas seulement, le programme des performances est encore fourni. Le visiteur de la fin de semaine doit absolument consulter le programme s’il veut venir au bon moment, sans quoi il manquera une partie du spectacle. Pour le reste, le spectacle est aussi celui du Village people qui emplit la verrière pour quelques jours. Lors du vernissage de mercredi soir, dans les soirées des grands lieux parisiens où se réunit le beau monde (Raspoutine, Colette…), et surtout pour le fameux Bal Jaune de ce vendredi, l’art est important, mais c’est aussi (surtout parfois) un métier, un réseau ! Et la Fiac, c’est LE moment pour se montrer. Alors dans les allées, défilaient dès hier les autres œuvres, ceux qui s’exposent avec les tenues allant du plus chic au plus improbable. L’édition est donc bien paradoxale : moins de transgression, en tout cas moins d’ironie apparente dans les œuvres exposées, mais toujours le plaisir de déambuler entre les quelques 200 stands et de croiser l’esthétique en eux… ou butinant autour d’eux !

A côté, allez voir à côté

La possibilité de déambuler entre Grand Palais et Palais de la découverte qui accueille sa part des performances dans un écran somptueux et peu connu est un grand plus de l’édition 2016. Aussi, les Tuileries restent très bien fréquentées, de même que donc le Petit Palais : si Ange Leccia peut encore laisser pantois, on adore les matières Roubaud ou le (un peu) moins connu du grand public Adrian Schiess. Le diptyque Malerei ne manque pas de couper, même brièvement et à qui se laisse encore happer après la succession d’étals, le regard comme le souffle. Ne pas se détourner du Petit Palais, c’est le mot d’ordre de la fin de la visite !

Visuels :

–       Visuel 1 – Vue générale du Grand Palais en vue de l’assaut

–       Visuel 2 – Dans les allées du Grand Palais…

–       Visuel 3 – Laurent Grasso, Studies into the Past, huile sur bois ; Galerie Alfonso Artiaco ® Galeria Alfonso Artiaco

–       Visuel 4 – Paulo Nimer Pjota, Worst come to worst mapeaople come first, part 2, huile, acrylique, toile, verre, 2016 – Galerie Mendes Wood DM ® Galerie Mendes Wood DM

–       Visuel 5 – Les stands, la fourmilière et la verrière

HORAIRES

Du jeudi 20 au dimanche 23 octobre 2016 de midi à 20h.

Nocturne le vendredi 21 octobre

jusqu’à 21h.

TARIFS

Billet FIAC 35 €

Tarif réduit* 20 €

Moins de 12 ans, gratuit

Forfait entrée + catalogue, 60 €

Catalogue 35 €

ACCèS

Entrée Avenue Winston Churchill 75008 Paris

Transports

Métro: lignes 1 et 13 Champs-Élysées Clemenceau

Bus: lignes 28, 32, 42, 72, 73, 80, 83, 93

Infos pratiques

Les Etoiles
Galerie Argentic
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Christophe Dard
Titulaire d’un Master 2 d’histoire contemporaine à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Christophe Dard présente les journaux, les flashs et la chronique "L'histoire des Juifs de France" dans la matinale (6h-9h) sur Radio J. Il est par ailleurs auteur pour l'émission de Franck Ferrand sur Radio Classique, auteur de podcasts pour Majelan et attaché de production à France Info. Christophe Dard collabore pour Toute la Culture depuis 2013.

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